Cyber God

Le film 6 de Detective Conan était celui que j'attendais le plus depuis mon (re)début de la saga. Faisant à la fois office d'opus le mieux noté ici-même, et de film "que l'on aime ou que l'on déteste", cela m'intéressait pas mal de frotter à ce petit ovni dans une saga, il faut bien le dire, ultra standardisé.

Et en effet, j'ai vraiment bien fait de l'attendre, car il se classe directement, et avec une certaine avance, premier de mon classement des DC movies. Et même si on retrouve beaucoup du manga et de la série Détective Conan là-dedans, ce film nous procure quelques choses de différent. Une sorte de feeling un peu plus ambitieux, un peu plus grandiloquent. Il faut bien dire que pour une fois, Le Fantôme de Baker Street fait plus figure de films d'action (ou d'ambiance) que de film d'enquête.

Et tout cela démarre dès l'introduction, avec une scène qui m'a énormement fait penser à Akira, que ce soit dans ses graphismes ou son feeling (encore une fois). Et le début est très fort, nous parlant du suicide d'un enfant de 8 ans d'entrée. Bon, sans le montrer évidemment, même si Detective Conan est une série assez mature, elle reste tout-public.
Mine de rien, une intro comme ça, ça te met tout de suite dans le bain, si le film n'est pas particulièrement sombre, il est par contre assez sérieux et lourd de symbole (sans jamais devenir lourdeau). Et cela se vérifie tout de suite après, quand on s'aperçoit qu'après un petit récapitulatif (habituel) de l'histoire de Shinichi, on commence tout de suite dans le dur du sujet: une présentation de jeu de ritualité virtuel. Ainsi, l'histoire ne s'eparpillera jamais en personnage, lieu ou situation inutile. L'intrigue est recentré sur un seul endroit afin de garder une ambiance particulière du début à la fin et cela lui réussit bien.
Et pendant ce début d'histoire survient une chose qu'il ne me semble n'avoir encore jamais vu dans le manga ou dans les films: une critique assez argumenté de la société japonaise que ce soit dans son immobilisme entre les générations ou sur son système éducatif. C'est à la fois très pertinent et vraiment risqué d'avoir fait ça. Bien sur, ces petites scènes ne manque pas d'un peu de lourdeur (notamment à cause d'un groupe d'enfant de riche un peu pénible) et cela sert avant tout à mettre les motivations de l'Arche de Noé mais j'applaudis quand même cette prise de risque.

Pour une raison X ou Y, le groupe des Detective Boys (et Ran, ne me demandez pas pourquoi c'est la seule adolescente dans un groupe d'enfant de 8 ans), se voit enfermer dans le jeu virtuel, et ne pourront en sortir que s'ils le finissent. Oui exactement comme l'arc Noah de l'anime Yu Gi Oh (là aussi je ne sais pas qui à influencé qui, mais il y a un lien évident entre les deux).
Et ce jeu virtuel sera pour nos héros une représentation ultra fidèle du Londres du 19ème siècle, le but étant de trouver et d'arreter Jack l'Eventreur. J'ai vu dans cette quête un pur retour au source de Detective Conan, qui vient jouer dans l'univers qui l'a inspiré: celui de Sherlock Holmes. Et c'est franchement plutôt rigolo de voir Conan et les autres interargir avec les différents personnages des livres (et nous spoiler par la même occasion quelques livres). On tirera de ça, une des meilleurs scènes du film, celle où nos joueurs vont essayer de contacter Moriarty par le biais de la pègre locale. Dans cette scène on a un peu d'action plutôt chouette, du mystère assez intéressant, et surtout une introduction assez dantesque de l'ennemi iconique de Sherlock Holmes.

Le film s'ensuivra ensuite sur "la scène de trop" du film, où on nous présente de manière complétement useless Irène Adler. Franchement, j'ai pensé que ce passage ne servait qu'à éliminer un peu plus de monde, et à faire la vanne de Irène = Yukiko. Mais par contre, il y a après la séquence du train qui est franchement très très bonne. A la fois intense, pleine de signification, et avec des rebondissements excellent. Ce que fait Ran à ce moment là est grandiose et constitue l'apothéose du film. Le film se concluera alors, de manière plutôt bonne, et je suis ressortis vraiment content de ce film.

L'ambiance et l'histoire sont archi-maitrisé, si je n'en ai pas parlé plus que ça dans cette critique, c'est vraiment pour vous la laisser la découvrir car je n'aimerais pas la ruiner. Le fan-service est assez bien dosé, parfois ça déborde un peu (Irène Adler encore une fois), mais dans l'ensemble ça apporte pas mal au film, et au positionnement de Shinichi face à son oeuvre modèle. Il y a des moments drôles, des moments intelligents, des moments dramatiques, de bons rebondissements, ... Là dessus le film est excellent.
Là où il se rate un peu pour moi (et c'est pour ça que je n'ai pas mis 8), c'est sur le fait qu'il n'a pas été extrème sur ses points les plus noires. Par exemple, une des règles du jeu de la machine, est que si ton avatar dans le jeu est blessé, il a perdu. Et pas forcement se faire blesser "gravement", c'est plutôt se faire toucher en fait. Genre on peut être éliminé d'un coup de chaise dans le dos. Ce qui est un peu dommage, car justement pour moi les scénaristes auraient du profiter du fait que ce soit un jeu vidéo (et que donc la mort n'est pas une fatalité) pour aller plus loin dans les combats, et proposer quelques choses d'un peu plus noir et prenant. Je sais très bien que c'est à cause du fait que c'est un film tout public, mais ça reste vraiment dommage.

En bref, Le Fantôme de Baker Street est pour l'instant LE film de Detective Conan. A la fois le plus intéressant, le mieux dosé, et le plus simple d'accès. Vous n'avez vraiment pas besoin d'apprécier le manga ou l'anime pour vous jeter dedans, et je pense que tout le monde peut aimer ce film tant l'histoire est divertissante et prenante.