Desperate Housewife
Ceux qui ont abandonné l'œuvre Mike Leigh au cœur des années 1990 (et ils sont certainement nombreux) se souviennent probablement d'un cinéma poussiéreux imprimé sur d'antiques pellicules...
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le 2 avr. 2025
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Il est malaisé et malaisant de sourire ou de rire aux excès logorrhéiques de Pansy, dont la violence accable ses proches et tous ceux qu’elle croise, mais aussi elle-même. Car c’est une souffrance psychique qui est donnée à voir, une souffrance qui n’épargne personne, y compris la famille de Chantelle, la sœur de Pansy qui, à l’inverse, force le rire et la joie, autre symptôme du même drame intime qui accable tous les personnages : une solitude féroce – qui semble se jouer dans l'absence de toute mère, qu'elle soit enterrée ou vivante (ce film, en quelque sorte, c'est la fête des mères...). Et les (possibles) rires des spectateurs au spectacle de Pansy poursuivant les autres de sa violence verbale ne sont sans doute que leur propre projection dans le drame qui se noue là.
Au cours du film, les éclats de rires et les vociférations laissent place au mutisme des deux sœurs, quand le mari et le fils de Pansy, plus tétanisés que jamais, sont rejoints dans la sidération par les filles de Chantelle.
Il y a des chances qu’entre dans les anthologies cette scène où les familles des deux sœurs sont réunies chez Chantelle et où Pansy apprend que son fils (peu enclin aux gestes sociaux) lui avait acheté des fleurs à l’occasion de la fête des mères : elle s’anime soudain, alors qu’elle était muette depuis des heures, pour éclater de rire puis en sanglots, tout en parvenant à sortir un laborieux remerciement à son fils (le spectateur sait, lui, qu’elle a une peur bleue des plantes et de la saleté comme des insectes qu’elles trimbalent).
Mike Leigh signe là un film majeur dans le genre mineur de la peinture d’une vie ordinaire, celle d’une famille banale prise dans le huis-clos de sa souffrance, donnant à voir les « dures vérités » qu’elle doit affronter mais qu’elle s’efforce de (se) cacher – pour reprendre le titre anglais, Hard Truths, plus pertinent que la ridicule traduction française, qui peut-être se voulait tchekhovienne.
Créée
le 22 avr. 2025
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