Quelle beauté ce film. Alors oui, ça me prends par les sentiments, une belle histoire d'amitié, de la nostalgie, un léger choc social du parisien avec son vieil ami provincial qui reprends peu à peu pieds sur terre (doublement éhé). Mais voilà, c'est beau. C'est bien fait.
Rien que les noms : il n'y en a pas, il n'y en a pas besoin, leur amitié, c'est beaucoup plus simple, même pas besoin de se nommer. Pourtant, l'un est artiste parisien, désormais aisé, déconnecté. L'autre retraité-cheminot, syndicaliste par camaraderie, jardinier, marié à une kabyle pour laquelle il porte un amour tellement honnête et simple. Simple, c'est vraiment mon ressenti devant ce film, c'est beau de simplicité. C'est beau visuellement, avec cette nature colorée, ensoleillée et vigoureuse (en contraste fort avec un Paris uniquement gris et pluvieux), filmée dans quantité de plans larges pour lui laisser de la place autour des personnages (même remarque pour filmer l'intérieur des maisons afin de les mettre en avant). C'est beau sentimentalement, tant Daroussin est bon dans cette innocence, cette candeur du bon gars qui ferait pas de mal à une mouche, et ne souhaiterais gêner personne pour rien au monde. Un homme qui jamais ne tique, même lorsque Dupinceau apparaît désobligeant, quand Dupinceau s'énerve de son simple compliment, pourtant d'une pure honnêteté, comme quoi l'un de ses tableau lui plaît vraiment. Un homme avec des valeurs, qui les transmet en étant simplement lui même, apprenant ainsi à Dupinceau pourquoi il serait mal vu de faire don de toutes ses conserves à la voisine, ce qui semble simplement gentil pour ce dernier qui ne comprend pas les codes de la dignité de la vieille France.
Cette pureté, cette relation, elle va soigner Dupinceau de ses maux, créés par la folie parisienne. Oui, Jean Becker filme bien la province, la magnifie, elle et ses valeurs, et ça me plaît, beaucoup. Et ce film, il aura désormais une belle place au fond de moi.