Saviez-vous que le roman d’Henri Cueco se focalise principalement sur le jardinier ? Eh oui, dans l’œuvre littéraire, le peintre ne sert apparemment que de personnage secondaire pour donner de la réplique et de la consistance au jardinier. Mais quand on regarde le film de Jean Becker, les deux personnages ont été travaillés de façon égale, avec une vague impression qu’une légère importance a été accordée au peintre. Car au final, la leçon de vie s’applique sur lui !
Peu importe, car cela donne du relief aux nombreuses discussions entre les deux hommes que tout oppose, hormis les souvenirs d’école. L’un est un artiste, riche, cultivé, et revient de la capitale esseulé, mais souffre de sa condition… finalement pauvre. L’autre est resté depuis sa plus tendre enfance à la campagne, n’a pas spécialement le sou, est un Socrate de la nature car il sait l’observer et la cultiver, a le sens de l’écoute et tirer les enseignements en toute chose tel un philosophe, a une femme qu’il aime et qui l’aime, et est parfaitement heureux de son sort qui pourtant… présenté de la façon dont il parle, ne fait pas beaucoup rêver...
Entre les mêmes sorties annuelles, et des vacances toujours au même endroit à la même époque...
L’approche s’est voulue profondément humaine, d’abord par l’utilisation de plans et d’une belle photographie (en particulier lors de la scène de la partie de pêche, et la dernière tirade du jardinier) qui mettent toujours un peu plus en évidence les liens amicaux, ensuite par les discussions à la fois formelles et informelles qui permettent au spectateur d’entrer dans l’intimité de leur amitié retrouvée.
Seulement, pendant un long moment, on ne voit pas bien où tout cela va nous amener. On sent que Daniel Auteuil et Jean-Pierre Darroussin ont mis beaucoup de cœur dans leur interprétation. C’est même par moments un peu surjoué. Là où j’ai trouvé que les deux comédiens avaient trouvé le bon ton de façon extraordinaire, c’est lorsque Daniel Auteuil exprime son désappointement devant les tableaux exposés lors d’un vernissage, puis lors de la dernière scène de Darroussin, scène au cours de laquelle l’acteur prend un air d’enfant émerveillé, touchant immanquablement le cœur du spectateur tellement il est "mignon". C’est peu long, car ça met un peu de temps à se dessiner. Mais Darroussin est particulièrement touchant sur la dernière scène.
Et au final, ce film pourrait bien vous paraître très ennuyeux si vous ne savez pas en tirer les enseignements de cette œuvre empreinte d'authenticité, que je vous laisse tirer par vous-mêmes. Pas de quoi cependant révolutionner votre vie, à moins que vous ne soyez particulièrement sensibles aux propos tenus, et/ou que vous vous identifiez aux personnages.