Salauds de français !

Un des rares films à traiter de la colonisation française. Un sujet quasiment tabou en France. Jean-Jacques Annaud s'y est frotté en 1976 avec "La victoire en chantant" et s'est fait huer par la critique française de l'époque avant de recevoir un Oscar pour le même film à Hollywood.

Il faudra bien un jour que le cinéma français ose se confronter à ce pan peu glorieux de son histoire nationale. Les anglais ont déjà crevé l'abcès depuis longtemps ("Gandhi", "La route des Indes"), mais en France, on est borné, têtu et on refuse généralement d'admettre nos erreurs (surtout en matière politique). La preuve en est notre lamentable politique de décolonisation, où l'on a voulu s'accrocher aux branches à tous prix, plutôt que de lâcher l'affaire comme les anglais l'ont souvent fait dans leurs anciennes colonies.

Ici l'intérêt du film est surtout qu'il est raconté du point de vu africain, par un réalisateur qui a lui-même été mobilisé durant la seconde guerre mondiale par le gouvernement français. Forcement, le trait n'allait pas être complaisant envers nous.

Un film africain riche en références culturelles de son continent et intéressant pour son côté ethnique et ses décors authentiques. Malheureusement, il manque cruellement de rythme. Ousmane Sembène semble avoir beaucoup de mal avec la notion d'ellipse dans son récit et son montage (la scène de rassemblement des femmes du village qui dure des plombes). Mais aussi un casting en dent de scie, surtout pour les rôles des colons, dont certains jouent très mal au contraire des acteurs parlant wolof. Et puis enfin, une caméra parfois erratique qui zoom ou se décadre prématurément avant la fin du plan... Bref, tout ça fait malheureusement encore assez amateur, à l'image de ce cinéma africain encore naissant.