I've never seen them eat. All I've seen them do is drink liquor and snort drugs.

Documentaire relatant l'histoire de deux groupes de rock indépendant de la côte ouest étasunienne durant la 2e moitié des années 90, The Brian Jonestown Massacre et The Dandy Warhols, Dig! retrace cette relation amour/haine entre les deux formations dont les membres étaient un temps amis avant de voir leurs trajectoires diverger.

Si The Dandy Warhols, à l'exception de deux ou trois chansons, me laissent globalement indifférent, je suis par contre un grand amateur de The Brian Jonestown Massacre dont je reprends les morceaux dès que possible, Anemone en tête. Aussi, lorsque j'ai entendu Courtney Taylor-Taylor, leader des Dandy, à la narration, j'ai eu peur de voir un documentaire trop subjectif avec une apologie des Dandy Warhols et un tir à vue sur les Brian Jonestown Massacre.

En effet Anton Newcombe est présenté comme un drug-addict, un artiste/poète maudit, talentueux et visionnaire, mais invivable. Le reste de son groupe est identique, en moins talentueux. Certes, on ne peut rien reprocher à cette description car c'est bien la réalité, la probabilité de voir un concert entier du groupe sans heurts étant bien en-dessous de la moyenne.

Cependant, le documentaire a peu à peu effacé mes craintes, et a même fait une comparaison que j'ai trouvé très intéressante. En effet, lors de leur tournée en Europe (et dans ce qui ressemble à un taxi londonien), les Dandy Warhols évoquent leurs amis/rivaux et les qualifient de "Velvet Underground des années 90". Cette comparaison est, à mon humble avis, tout à fait juste.
TBJM (c'est plus simple), est un groupe de musiciens destroys, qui ne cherche pas la célébrité à tout prix et souhaite conserver son indépendance pour produire des disques à sa guise. Tout comme les Velvet, le groupe vend relativement peu mais son influence sur la scène rock est considérable. Brian Eno avait dit que les 30 000 personnes ayant acheté l'album des Velvet Underground avaient fondé un groupe. TBJM a le même type d'influence, et il y a fort à parier que dans 10 ou 20 ans, ils seront parmi les groupes cultes de la scène rock aux yeux de tous.

Taylor-Taylor et ses compères nous expliquent que la distance entre les deux groupes s'est créée car, jaloux du succès des Dandy Warhols, les membres de TBJM auraient monté puis exacerbé une rivalité artificielle. Pourtant, à la vue de ce documentaire, c'est l'impression inverse qui me saute aux yeux.
Tout d'abord, Dig!, chapeauté par les Dandy Warhols, prétend suivre les deux groupes mais 80% (si ce n'est plus) du documentaire est consacré à TBJM. Les Dandy Warhols accusent TBJM de les harceler, mais cela semble plutôt être un jeu qu'autre chose pour le groupe de Newcombe.
Au contraire, les Dandy Warhols semblent admiratifs, voire envieux ou jaloux. Ils ne cessent de faire référence à TBJM et rêvent d'être aussi rock'n'roll. Ils confessent même avoir été subjugués par leur charisme dès leur première rencontre lors d'une soirée à San Francisco. Un passage symbolique est le moment où les Dandy Warhols vont faire une séance photo dans la maison de TBJM après que ceux-ci aient fait une fête pour se donner une image plus rebelle. Invités à la soirée, ils n'étaient pas venus car, ils l'avouent eux-mêmes, ils ne peuvent pas suivre le rythme.
On l'entend lorsqu'on compare les morceaux, les Dandy Warhols sont plus lisses, plus grand public. On sent la patte d'un producteur qui cherche le tube sur leur disque où rien ne dépasse. À l'inverse, Newcombe produit lui-même les disques de TBJM, et c'est bien plus bordélique, mais bien plus rock'n'roll.
The Dandy Warhols mettent en avant le fait d'être mariés, d'avoir chacun leur voiture, mais reste en admiration devant la vie et l'attitude des membres de TBJM, groupe qui les effraie autant qu'il les attire.

Le documentaire est donc très intéressant, très rock'n'roll, et surtout étonnament intime puisque rien ne nous est caché.