Un film qui m'a fait l'effet d'une bombe. Étant moi-même grande brûlée, j'avais à cœur de trouver un film qui sache refléter les nombreuses facettes qui constituent "la vie d'après". Clairement, ce n'est pas avec "Sauver ou Périr" (et ses dialogues creux comme un tambour) que j'ai pu trouver mon bonheur.
La performance de Vicky Knight est très touchante, sans aller dans le misérabilisme. Le choix de Sacha Polak de faire jouer une véritable grande brûlée est important, et même capital pour raconter une telle histoire. Ce film est une petite pépite, tant dans son scénario que dans sa réalisation. Après visionnage, j'ai pu lire certaines critiques déplorant le fait que le scénario parte un peu dans tous les sens, mais je trouve que ça fait justement partie du charme du film, et surtout ça le rend bien plus réaliste et représentatif de l'expérience que peut vivre une grande brûlée. La vie continue, aussi complexe et bordélique et anxiogène qu'elle sait si bien se montrer.
J'ai trouvé certaines scènes particulièrement brillantes, notamment les visions cauchemardesques de l'agresseur de Jade et la scène du procès.
De nombreuses scènes m'ont pincé le cœur tant elles ont résonné avec mon vécu :
Les angoisses étouffantes au quotidien, la violence perpétrée plus ou moins consciemment par les proches comme par les inconnus, le désir de retrouver son corps d'avant, la difficulté à accepter ce nouveau corps, à le trouver désirable. La nécessité de se plier aux soins et appareillages médicaux, les bonnes conduites à tenir pour éviter que les cicatrices n'empirent. L'inconfort constant. Le regard que peut porter une mère sur son enfant blessée.
Toutes ces difficultés et ces émotions sont montrées avec une rare justesse, si bien qu'on se retrouve plongé dans l'intimité de cette jeune femme, sans pour autant tomber dans le voyeurisme.
Autant dire que je n'en suis pas sortie indemne, j'ai été très émue d'assister à un film si juste dans sa représentation, si beau dans ses images, et si puissant par son message. Et bordel, ça fait un bien fou de voir qu'une réalisatrice peut raconter une telle histoire sans nous gaver d'inspiration porn.
En conclusion, je dirais que mon visionnage de Dirty God a été particulièrement cathartique, je suis très heureuse d'avoir enfin eu le courage de regarder. Je pense sincèrement qu'il mérite d'être vu par le plus grand nombre, car il offre un regard juste et beau sur l'existence que beaucoup de gens mènent. La différence devient moins choquante à mesure qu'on se familiarise avec elle, et ce film participe définitivement à faire évoluer le regard que chacun peut porter sur les autres.