Do Not Resist est un film documentaire qui traite de la militarisation des forces de police aux Etats-Unis, avec pour illustration les violences d’août 2014 à Ferguson, Missouri.
Le film place ce phénomène dans le contexte de la guerre contre la drogue, avec la création en 1997 du Programme 1033 permettant le transfert du surplus d’équipement militaire à toutes les forces de police du pays, puis de la guerre contre le terrorisme des années 2000 et le retrait d’Irak entre 2009 et 2011.
Ces évènements successifs ont conduit à la situation surréaliste où la police municipale d’une petite ville rurale peut commander gratuitement un camion blindé MRAP, conçu pour résister aux IED (engin explosif improvisé), ou un lot de baïonnettes pour le maintien de l’ordre.
Pour comprendre la banalisation des violences policières, il faut aussi comprendre la psychologie de ces forces de l’ordre. C’est là qu’entre en jeu Dave Grossman, lieutenant-colonel à la retraite et professeur de psychologie sur les effets de tuer. Cette référence sur le sujet, dont le livre On Killing fait partie du cursus de l’académie du FBI et qui a travaillé avec de nombreuses agences fédérales, donne désormais des conférences pour les forces de police locale. Dans celles-ci, il prêche l’emploi d’une violence supérieure et juste comme outil pour combattre la violence, comparant les policiers à des chiens de troupeau devant protéger les moutons des loups. Le policier est tel un Batman veillant sur sa ville cape au vent, devant faire ce qu’il faut pour combattre le crime.
La police est en première ligne dans la guerre contre la drogue et le terrorisme, et elle a donc besoin de moyens militaires pour lutter.
Après un constat si rassurant, le film nous montre qu’avec l’accès progressif des forces de police à des technologies comme les caméras, les drones, les logiciels de reconnaissance faciale et les algorithmes de détection des criminels potentiels, le glissement vers un état sous surveillance n’est peut-être plus très loin.
Ce film est clairement à charge, mais sans en faire trop. Il n’y a pas de narrateur en voix-off pour moraliser le spectateur et dire quoi penser. Le film se contente des faits et donne le point de vue des forces de l’ordre comme des opposants. Au final, il donne de bonnes clés pour comprendre la crise de violences policières que traversent les Etats-Unis, qui ne peut se résumer à la dimension raciale comme on l’entend souvent. Mais votre moral en prendra un coup.