Difficile de venir après un classique du genre, mais j’imagine que Stephen King avait ses raisons. N’ayant (toujours) pas lu les livres, je ne vais pas juger de l’aspect adaptation. Cette suite, en soit, n’est pas si mauvaise. Elle est même plutôt sympa. Alors certes, difficile de faire mieux quand le précédent film n’est autre que le Shining de Kubrick, une référence à tant de niveau et une œuvre culte qui a transcendé son support et son média ; mais Doctor Sleep s’en sort très bien. Ou presque.
L’intrigue se démarque presque totalement de l’original, et c’est en soit un bon point. On développe un peu plus l’univers dans ce monde, on y apporte de nouveaux personnages, de nouveaux enjeux, on fait évoluer Danny et on introduit de nouveaux héros. L’idée n’est donc pas inintéressante en soit, bien au contraire. Non seulement on s’affranchit de ce qui a été fait, tout en y restant attaché sous une forme avec le fil rouge de Danny. Le personnage de Rose Chapeau apporte une nouvelle dimension à cette mythologie et fera office d’antagoniste intéressant puisqu’elle apporte cette quête d’une forme de jeunesse éternelle, d’immortalité, qui reflète notre propre mortalité, sujet au cœur du personnage de Danny.
Par conséquent, les deux premiers tiers du films sont plutôt bons, voire même très intéressants et bien construits, avec des idées et un combats entre le Bien et le Mal plutôt bien amené. Même si on est un peu sceptique au départ à l’idée de cette suite, sa construction et la construction de son univers fait qu’on s’y laisse immerger petit à petit. Alors certes, l’atmosphère n’a rien à voir avec Shining et même si on reste dans un cadre fantastique à tendance horrifique, le tout sera quand même moins anxiogène. En revanche, le dernier tiers du film et, surtout, son dernier acte, seront presque décevants.
Parce que l’élimination de la bande à Rose Chapeau est presque ridicule, tellement ils ont été peu approfondis durant le film, mais le retour à l’Overlook Hostel paraît poussif, forcé. Alors certes, dans le cadre d’une suite, c’était une demande et une attente légitime, et il y a le côté de vouloir approfondir un peu plus l’univers ; mais était-ce nécessaire ? Parce qu’au-delà des clins d’œil gimmick pour le fan-service, cela n’apporte rien, concrètement. Comme si le tout n’était qu’un code de triche, un prétexte, une sorte de deus ex machina pour pouvoir conclure et vaincre Rose Chapeau sans trop forcer. C’est dommage.
Le casting est dans l’ensemble plutôt correct. Ewan McGregor fait un taff plutôt convenable, Rebecca Ferguson est diaboliquement terrifiante et charismatique et Kyliegh Curran très convaincante. Techniquement, le film se débrouille bien là aussi. Tout comme son intrigue, on retrouve certains clins d’œil dans la conclusion (musique, effets spéciaux, réalisation), mais le reste du film réussira là aussi à s’en démarquer, même si on note une volonté de se rapprocher du travail de Kubrick dans certains plans, comme un acte de filiation. Ça fonctionne très souvent, même si parfois ce n’est pas très subtile, et cela permet aussi d’avoir quelques idées très intéressantes et bien amenées.
Bref, une suite plus que convenable. Sans prétendre à devenir aussi culte que son prédécesseur, ce film aura le mérite de ne pas le ternir et d’être tout à fait honorable.