Domovine
Fiche technique
Synopsis : Une jeune femme au volant essuie une larme discrète. Elle rejoint un hameau niché dans la montagne. En fond, une chanson romantique populaire. C’est l’hiver, le vent souffle, glaçant. Puis en plans larges, grandioses, le spectacle d’une nature enneigée. Le territoire semble hostile. Mais dans le film se cherche un pays. « Domovine » signifie patrie, mais aussi bien le pays où l’on naît, le village où l’on a grandi, que l’endroit où l’on se sent chez soi, sans critères d’appartenance. Car c’est bien le retour au pays d’une jeune femme, qui n’a pourtant jamais foulé cette terre, dont il s’agit. Mutique, elle promène sa mélancolie au fil des saisons entre les ruines de maisons abandonnées, dans les pâturages printaniers, croisant le chemin de vaches souveraines, de troupeaux de brebis, de maraîchers affairés et de restaurateurs affables. Aux fragments de paysages s’entremêlent images d’archives, chant de résistance et images privées des souvenirs, sans rapport manifeste. L’entreprise filmique, menée avec grande sobriété, devient celle d’un recueillement. Recueillir comme rassembler des éléments dispersés pour en empêcher la perte dans l’écoulement du temps. Recueillir l’image contrastée d’un pays où s’effacent les traces d’un passé marqué par la guerre. En dresser le portrait hétérogène pour l’œil étranger tout en le laissant libre de sa lecture, sans repère, touriste en terra incognita. Recueillement enfin, dans le silence obstiné de la jeune femme, jusqu’à une oraison finale, détonation éclatante et vibrante, qui manifeste tout l’art du montage de Jelena Maksimovic (par ailleurs monteuse pour Stefan Ivancic, FID 2013, Marko Grba Singh FID 2015, Vlado Škafar FID 2016). Le film est ainsi révélé une seconde fois, à la lumière de ces mots de femme. (Claire Lasolle)