Contrairement à Bergman qui s'était fourvoyé dans la Flute enchantée, Losey a réussi son Don Giovanni. Un enchantement vocal et visuel, il y a juste quelques très légères faiblesses comme ces balades en barque dans la brume qui ne le font pas ? Sinon la distribution est à tomber, dominée par un Ruggero Raimondi habité par le rôle et par la grâce et le talent de Kiri Te Kanawa, mais personne ne démérite. Contrairement à une idée reçue l'opéra n'est pas tiré du Don Juan de Molière qui reste une comédie et que plus personne ne connaissait en 1787 mais d'autres créations sur le même thème. L'opéra hésite entre son côté tragique, il y a tout de même un meurtre, et certains éléments de bouffonnerie tous centré autour du personnage de Leporello. Si Don Juan est châtié ce n'est pas en raison de son libertinage, mais en raison de la façon dont son libertinage s'exerce créant le malheur autour de lui. Ensuite sur la conclusion mystico fantastique, cela fait des années que chacun y va de son interprétation, peut-être n'y a-t-il tout simplement rien à comprendre ! Mais on s'en fout, c'est beau !