Après avoir accumulé 157 millions de dollars de recettes au box-office pour une mise de seulement 10 millions, il était clair que le vétéran de Don’t Breathe allait avoir à châtier d’autres cambrioleurs. Mais il paraissait assez difficile de rééditer la surprise du précédent volet étant donné le nombre de rebondissements opérés. C’est pourtant ce à quoi Royo Sayagues va s’atteler en reprenant le siège de réalisateur laissé vacant par son compère Fede Alvarez qui en signe cette fois le scénario. Les positions sont donc inversés aussi bien derrière que devant la caméra, puisque Norman Nordstrom passe du rôle de bourreau à celui de héros. Un choix moralement discutable qui n’a d’ailleurs pas manqué de désarçonner les critiques spécialisés qui y ont vu une nouvelle forme de subversion difficilement défendable, au point d’intenter un procès de mauvaise intention aux duos. Comment passer du statut d’un violeur à celui d’un père protecteur ? C’est facile, il suffit de connaître l’éveil et de se repentir de ses crimes passés. Le film entend bien abattre la frontière entre le bien et le mal pour dresser le portait d’un homme contrasté, autoritaire, rugueux mais aussi affectueux et sentimental, implacable mais pas non plus dénué de toute empathie notamment pour les canidés. Avoir choisi d’ancrer à nouveau le récit au coeur de Détroit et ses environnements dévastés permet également de dresser un parallèle évident avec la psyché de ses personnages et d’y apporter plusieurs zones d’ombres. Don’t Breathe 2 sera donc le parfait reflet négatif de son prédécesseur sans pour autant dévier du traditionnel Bigger and louder, laissant la place à une violence plus intense et décomplexé. On sent d’ailleurs que le succès de la saga John Wick est passé par là puisque le personnage autrefois présenté comme quelqu’un de fébrile et diminué, s’impose ici comme une véritable machine à tuer.


L’histoire se déroule 8 ans après les événements du premier film, et Norman Nordstrom vit désormais reclus dans une nouvelle demeure en compagnie d’une orpheline, Phoenix. Pour la préparer à la dangerosité de ce monde, il la forme à des entraînements de survie et stage commando en la privant de sortie et de tout contact avec l’extérieur, ce qui n’est pas sans occasionner quelques tumultes et désaccords. Mais alors qu’il croyait enfin pouvoir vivre en paix et filer la parfaite relation filiale, une bande de mercenaires vont s’attaquer à lui, tuer son chien et lui enlever sa fille qui va en apprendre d’avantage sur ses véritables origines. C’est là que le récit connaît son premier bouleversement, et que la moralité est une nouvelle fois mise à mal, puisque celui qui aura vu Don’t Breathe aura certainement deviné de quoi il en retourne. Le problème étant que le renversement des valeurs opéré dans le précédent volet en faisait justement une œuvre assez originale, tandis qu’ici, on entre déjà dans un Revenge movie moins subversif, développant un arc de rédemption pour son principal interprète qui n’en reste pas moins un sociopathe psycho-rigide et tourmenté. D’ailleurs, l’accent a plutôt était mis sur l’action que sur le suspens même si le réalisateur a tenu à conserver ce qui en faisait les points forts : la spatialisation du son et la parfaite gestion de son environnement, ce qui lui permet d’orchestrer ses nombreux affrontements au corps à corps dans une maison remplie de chausse-trappe, faisant de sa première partie une sorte de Maman j’ai raté l’avion pour adultes.


Evidemment, cette fois les adversaires ne sont pas de simples adolescents, ce qui oblige le personnage a redoubler de force, d’endurance et d’ingéniosité en faisant appel à ses instincts primitifs de guerrier, ce qui le rapproche de l’aura d’un Rambo voir d’un Zatoichi plus que d’un simple vétéran de l’armée. C’est en retournant à sa bestialité qu’il trouvera la force motrice pour surmonter son handicape, une idée d’autant plus mise en valeur par sa relation avec un canidé qu’il va sauver des flammes et qui le conduira jusqu’à l’antre des méchants où il devra faire chanceler l’unité pour venir à bout de ses ennemis et enfin retrouver sa fille, en même temps que la vie qu’il aspire à mener. Une vie évidemment volée tandis que Phoenix ne rêve que de liberté ce qui la rapproche foncièrement de Rocky (Jane Levy) l’héroïne du premier épisode. L’idée de la famille innerve d’ailleurs tout le récit, qu’elle soit constitué par les liens du sang ou bien recomposé par la force des événements. Certains reprocheront éventuellement au film de se complaire dans une forme de brutalité, mais le fait est que cette suite assume pleinement son statut de série B, et puis cela serai occulter la plus grande réussite de Royo Sayagues qui est celle d’avoir su livrer une séquelle originale à un film qui l’était tout autant.

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