Why are you wearing that stupid man suit?
Je préviens à l'avance que ma critique va spoiler un peu le film. Soyez prévenu !
Richard Kelly nous prend aux trippes avec son Donnie Darko. Le scénario est brillant, intrigant. Lorsqu'on décide d'entrer dans cet univers, on n'en sort pas aussi facilement. Le générique de fin n'annonce pas pour nous la fin de l'aventure. Même après la télé éteinte, la musique angoissante ne nous a pas vraiment quitté, on se sent encore un peu oppressé par l'ambiance presque malsaine que dégageait le film et on pense à la fin. On élabore chacun de nos cotés nos propres théories, histoire d'y voir un peu plus clair. Parfois on essaye de les partager, le débat est lancé : Que s'est-il passé ? Hallucinations ? Voyage dans le temps ? Dimensions parallèles ? Chacun de mes visionnages m'ont permit d'affiner toujours un peu plus ma version de l'histoire mais je ne compte pas la partager dans cette critique. Elle n'est pas faite pour ça.
Donnie Darko, joué par Jake Gyllenhaal dont le jeu d'acteur est tout simplement extraordinaire, est quelqu'un de marginal, un peu perturbé, souffrant en autre de somnambulisme. Il semble dépassé voir gêné par le système, donnant l'impression de le sentir un peu détaché, un peu blasé de ce qui l'entoure. On peut le voir un peu comme un anti-héro et je l'ai trouvé plutôt représentatif de son interprétation du roman de Draham Greene : la destruction comme forme de création. Sans pour autant s'identifier à lui, on n'a vraiment pas de mal à s'attacher à Donnie. C'est dingue comment on perçoit aisément chacun de ses sentiments et de ses états d'âme, que ça soit par le jeu d'acteur de Jake G. où grâce au génie de R. Kelly.
Chaque personnage a son rôle à jouer dans l'histoire. Certain vont lui servir un peu de guide comme ses professeurs Pomeroy et Monnitoff mais principalement comme Franck, le lapin à la pesante présence. D'autres seront de parfaits stéréotypes sans être pour autant dans l'excès car étant directement inspirés d'enseignants de l'enfance du réalisateur. Je parle ici de la puritaine Kitty Farmer, enseignante qui veux introduire dans le programme scolaire les idées du gourou/coach Jim Cunningham, deux personnages bien exécrables...
Richard Kelly a tenu à placer son histoire dans le contexte de l'année 1988, à la fin du mandat de Reagan à la veille de l'élection de Bush. Et notamment à travers le programme de Jim Cunningham, le film peut être également considéré comme une satire sociale. Ce gourou est joué par Patrick Swayze, fabuleux dans ce rôle. Il casse complétement l'image qu'ont pu lui donner des films comme Dirty Dancing ou Ghost. Il joue, donc, un personnage médiatique véhiculant des idées selon lesquelles la "ligne de vie" est divisée en deux catégories: la peur et l'amour, par l'intermédiaire d'un montage vidéo. Avec un slogan tel que: "Contrôler votre peur !", la vidéo en est grotesque et dénonce parfaitement le système américain puritain des années 80. Ah ! Je sais pas si je reverrais P. Swayze dans un rôle aussi agaçant !
Ces années 80 se font également bien ressentir derrière la musique. Le réalisateur donne une place très importante à la BO. Quel plaisir ! Elle crée des ambiances très particulières selon les scènes et est, au final, essentielle au film. Micheal Andrews n'est vraiment pas innocent dans l'aspect pesant et malsain du film, sa musique donne presque une sensation malaise. Et puis mer** quoi ! Quel reprise de Mad World ! Splendide.
On suit Donnie Darko au rythme de Tears of Fears, de Joy Division ou de Duran Duran. Un coup de génie, particulièrement pendant la chanson Head Over Heals où la scène qui est entièrement musicale enchaine des ralentis et des accélérés.
Juste parfait.
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