À la suite d'un cambriolage, deux frères sont surpris par un vigile qui, lancé à leurs trousses, tombe dans un trou en pleine forêt. S'il apparaît clair pour l'aîné qu'ils doivent abandonner leur poursuivant à son sort, les remords du plus jeune le poussent à aller s'assurer de l'état de santé de l'homme piégé par leur faute...


À l'image du plus important tournant du film, "Don't tell a soul" préfère souvent privilégier l'improbable et les rebondissements forcément plus spectaculaires que cela induit au détriment de sa crédibilité.
Et pourtant, au départ, le film semblait vouloir vraiment s'inscrire dans une optique réaliste avec la relation très toxique de ces deux frères que la situation de l'homme au fond de ce trou va venir encore plus malmener. Dans un climat de grande précarité, la violence de la domination du jeune adulte Matt sur son cadet Joey -et même sur la maison délestée de l'image du père- était rapportée avec une noirceur brute, nous conduisant sans peine à comprendre pourquoi Joey était amené à rechercher un semblant de figure paternelle auprès de "son prisonnier malgré lui". Bien sûr, on pouvait déjà déceler un clair manque de subtilité au niveau de l'écriture afin de pousser facilement les personnages dans leurs retranchements et amplifier la séparation des deux frères vers les ténèbres pour l'un (Matt) et la réhabilitation naïve pour l'autre (Joey) mais, lorsque le film abat sa plus grosse carte pour soudain élargir son champ de possibilités dans les rapports établis chez ses personnages, force est de constater qu'il passe définitivement à un degré de fiction ne pouvant plus trouver ses racines dans le réel tant le concours hasardeux de circonstances sur lequel repose toute cette affaire paraît juste incroyable.


À partir de là, "Don't tell a soul" poussera toujours le bouchon scénaristique un peu trop loin pour à la fois multiplier de nouvelles réactions versatiles de la part de ses héros et inverser sans cesse le sens des rapports dominant/dominé à l'aide de coups d'éclat se voulant surprenants. Si cela se révélera plutôt amusant dans les virages les plus cruels de la deuxième moitié du film, l'accumulation de retournements de situation n'empêchera pas de la faire sombrer dans le ridicule, notamment lors de ses dernières minutes particulièrement peu convaincantes.
Dommage car, si "Don't tell a soul" n'avait pas délaissé son ancrage réaliste en cours de route pour céder à la tentation du trop-plein de twists, il est fort probable que l'on aurait tenu là un petit thriller bien plus malin que la moyenne, Rainn Wilson et les jeunes acteurs étaient au rendez-vous de surcroît.

RedArrow
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le 16 juil. 2021

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