Grieving Las Vegas
C’est par un petit polar modeste que Paul Thomas Anderson fait ses débuts, s’entourant déjà d’un certain nombre de comédiens (John C. Reilly, Philip Baker Hall, ainsi que Seymour Hoffmann pour une...
le 27 sept. 2016
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C’est par un petit polar modeste que Paul Thomas Anderson fait ses débuts, s’entourant déjà d’un certain nombre de comédiens (John C. Reilly, Philip Baker Hall, ainsi que Seymour Hoffmann pour une apparition) qui lui deviendront fidèles pour les deux films suivants, sur bien des points l’expansion des germes plantés ici.
Le recours à la musique presque permanente qui trouvera son apogée dans Magnolia, la fascination pour les plans-séquence (ici, entre les machines à sou de Las Vegas) qui rythmeront les scènes collectives de Boogie Nights sont autant de promesse de la patte PT Anderson.
L’intrigue recèle sa part de mystère propre à susciter un certain intérêt. Le personnage de bon samaritain qui va aveuglément soutenir le premier loser venu crée un effet d’attente sur ses motivations: à quel moment va-t-il exposer la réalité de ses intentions ? Qui va trahir qui ? Sur fond de jeux de cartes, la thématique du bluff contamine les rapports entre les personnages. La rencontre avec une femme qui joue aussi double jeu puisqu’elle se prostitue sans le dire clairement achève la partition trouble.
Les dérapages sont en sommeil, ils n’ont qu’à surgir : c’est là tout le sel de la première partie, qui joue beaucoup sur les non-dits, particulièrement diserts lorsqu’ils se logent sur le visage marmoréen de Philip Baker Hall. On ne peut hélas pas en dire autant du couple John C. Reilly/Gwyneth Paltrow, qui prend en charge des rebondissements plutôt pénibles, geignards et surjoués. Lorsque Samuel L. Jackson s’invite dans la danse, le formatage du thriller sans ambition est définitivement atteint. C’est d’autant plus regrettable que les révélations finales sur les liens entre le protecteur et son jeune chien fou avaient de quoi nourrir une intrigue bien plus subtile.
Modeste et prometteur, encore brouillon mais loin d’être honteux, ce premier essai navigue entre deux tendances, le bluff lacunaire et le thriller sentimental. Il aurait dû garder la subtilité de la première, mais le cinéaste est bien trop tenté par la seconde, qui fera l’objet d’une exploration plus décomplexée dans les films à venir.
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le 27 sept. 2016
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