Aquarelle

Doukyuusei est une jolie réussite bienvenue dans un horizon animé un peu répétitif.
Hors des sentiers battus du shonen, du shojo et d'un shonen-ai/yaoi croulant sous les stéréotypes souvent malvenus, cet anime d'à peine 1 heure nous offre une histoire d'amour adolescente d'une grande douceur et sans mièvrerie.

L'histoire de ces 2 adolescents si différents séduit et distrait. Le scénario tiré du manga éponyme de la mangaka Asumiko Nakamura, au style si particulier, est classique : les complications, les déchirements, les incertitudes, tout cela amplifié par l'adolescence!
Et si nos deux tourtereaux sont tous deux de sexe masculin, les difficultés peuvent être plus importantes. Ici, certes le fait qu'il soient 2 garçons est une de leur préoccupation, surtout pour Sajou, mais pas le problème central.
Comme souvent, c'est un problème de communication qui sera la gravillon sur la route ensoleillée de nos apprentis amoureux.

Les 2 personnages principaux sont attachants. Entre l'introverti et binoclard Sajou et l'extraverti et blond Kusakabe, l'histoire prend son temps. Par un découpage intelligent en saisons, nous voyons à chaque fois une scène entre les 2 amoureux et qui est bien sûr centrale dans l'état de leur relation et puis on passe à la saison suivante. On garde ainsi le sens du temps qui passe tout en ne se perdant pas en scène de transition qui n'auraient rien à voir avec l'intrigue principale. L'histoire de Sajou et Kusakabe semble ainsi lente comme un jour d'été mais soudaine comme un orage d'automne mais, surtout, elle ne donne pas l'impression de se dérouler sur 2 jours et la rend donc plus profonde.

Les images sont magnifiques. La réalisatrice a choisi des tons délavés et pastels très doux qui s'harmonisent parfaitement avec l'histoire, son rythme et son thème et tout autant avec le choix de narration. Le jaune paille nous donne l'été, le vert d'eau nous donne le printemps, le gris clair nous donne l'automne. Sajou et Kusakabe ressortent parfaitement sur ce fond un peu flou. La réalisation est dynamisée par quelques split-screens en forme de cases de manga qui interviennent dans les moments d'angoisse ou les fins de scènes.

Sajou et Kusakabe sont, par ailleurs, parfaitement doublés par Kenji Nojima et Hiroshi Kamiya (respectivement), 2 seiyuus chevronnés. Leurs interprétations sont pertinentes et mesurées. Ce film aurait pu être mièvre et simpliste mais leur travail donne de la profondeur aux personnages et beaucoup d'innocence et de spontanéité.

Il est un peu regrettable que les personnages secondaires soient aussi peu présents. A part l'ami de Kusakabe qui sert d'exutoire à ce dernier, il n'y a vraiment que le professeur Hara, au rôle assez trouble, qui sort du lot. En ce qui le concerne, il a une scène très importante avec Sajou, qui rappelle un autre type de BL, plus agressif, plus basé sur un rapport de force. La scène semble hors de propos dans "Doukyuusei" mais je la trouve pour ma part pertinente. Hara représente le passé du genre, il est d'ailleurs d'une autre génération, alors que Kusakabe, et Sajou avec lui, représente un nouveau genre plus réaliste (autant qu'une romcom animée puisse l'être) moins agressive. Les tonalités de couleurs sont d'ailleurs moins douces et plus tranchées dans cette scène, la lumière est filtrée, le décors décrépit comme pour signifier le côté obsolète du comportement de Hara. Il est dommage que cette scène ne soit pas suivie d'effet et sorte un peu de nulle part.

Bref, espérons que ce film ouvre une nouvelle ère pour ce genre confidentiel et noyé de stéréotypes négatifs.
En dehors de toute considération de style, de genre ou de public, c'est un bel anime à tout point de vue qui vous laissera avec un beau sourire et un peu de nostalgie pour votre premier amour d'adolescent où tout semble si intense, compliqué et insurmontable.