Ce court documentaire de Pauline Pallier est consacré à Antoine Pellissier médecin généraliste à Nîmes et réalisateur à ses heures perdues de films gore tournés avec les moyens du bord. Dr Gore suit donc le bonhomme au quotidien alors qu'il prépare et s'apprête à tourner Horrificia le second film de sa grande trilogie historique et gore.
Le film de Pauline Pallier est le touchant portrait d'un doux dingue fan de cinéma horrifique dont les grandes ambitions se heurtent à l'étroitesse de ses misérables budget. Antoine Pellissier est un type qui a le gore chevillé au corps et dont les envies de cinéma vont au delà de toutes les contraintes, de toutes critiques et de tout les obstacles. Au travers du destin singulier de ce docteur un peu fou se dessine aussi toute la difficulté à produire un film horrifique en France à l'image de cette rencontre avec un producteur à Cannes dont la première question est "Mais pourquoi faire un film d'horreur ??" . Envers et contre tous y compris sa propre famille Antoine Pellissier résiste et monte des tournages qui peuvent durer jusqu'à sept ans sur ses propres fonds financiers. Le film est un touchant portrait de ses autodidactes nourri par une passion dévorante de création quitte a essuyer l'incompréhension et même le mépris comme celui de sa propre mère qui confie face caméra que absolument toute sa famille déteste ce qu'il fait et que ces pauvres films finiront oublier de tous. Parfois grinçant le film est aussi assez drôle comme lorsque Antoine Pelissier recrute en fin de consultation des comédiens parmi ses patients, qu'il donne ses consignes à des techniciens amateurs qui ne comprennent strictement rien à ce qu'il raconte ou qu'il engueule Christian qui ne porte pas son gilet jaune fourni par la production alors que le mec s'appelle Christophe. Antoine Pellissier rêve de plan aérien avec des milliers de figurants mais il doit se contenter le plus souvent de tourner avec le plombier du coin, l'infirmière en stage, quelques patients recrutés à l'arrache , le tout étant copieusement arrosé par des tonnes de sang et de tripes récupérés aux abattoirs du coin, encore et toujours grâce à un patient généreux devenu un ami. Notre brave docteur tout aussi amateur qu'il soit réussi tout de même à faire venir Lloyd Kaufman pour quelques jours de tournage et il parvient à finir ses projets fous même si ils demeurent ensuite quasiment invisible.
Le film se termine sur quelques images d'un court métrage de jeunesse de Antoine Pellissier , des images muettes d'un vieux film en super 8 qui fige une passion éternelle dans une forme de résignation mélancolique. Antoine Pellissier ne fera sans doute jamais le grand film dont il rêve depuis son adolescence, mais toute sa vie il n'aura cesser d'y croire.