Etrange challenge de la part d'Universal de ressusciter de ses studios le mythe de Dracula, 48 ans après Browning, après que la Hammer avait tout dit et que Polanski était passé par là. Et pourtant le pari est réussi avec un Frank Langella étonnant qui n'a pas à rougir de la comparaison avec Bela Lugosi ou Christopher Lee, il joue simplement autrement, abatant la carte du vampire séducteur. Quant à la quasi inconnue Kate Nelligan, elle est rayonnante de beauté. L'atmosphère gothique et la folie omniprésente sont particulièrement bien rendues par le jeu des couleurs, et puis ce romantisme qu'on est peu habitué à voir dans ce genre de production nous charme. Il nous faut faire, hélas avec un Laurence Olivier absolument exécrable, et on remarquera quelques incongruités de scénario comme Dracula qui a peur des croix, mais qui 20 minutes plus tard, n'en a plus peur ! Où la dernière scène qu'on a rendu hollywoodienne avec cette escalade désespérée aux gréements, alors que le vampire aurait pu fuir en chauve-souris ? Le dernier plan est très beau dans son ambiguïté, est-ce la cape de Dracula qui s'envole provoquant un sourire de soulagement de Lucy, ou alors, Dracula renaissant en chiroptère pour le plus grand plaisir de Lucy ?