Dragoula
L’alliance « Dracula + ballet + film muet » était ambitieuse, mais tout l’éventail d’effets de scénographie déployé avec emphase se révèle assez peu cinématographiques. On retrouve la même volonté de...
le 29 nov. 2019
1 j'aime
Il était presque inévitable qu'un jour Guy Maddin et Bram Stoker finissent par se rencontrer tant le réalisateur canadien semblait fasciné par le romantisme fantastique et le cinéma expressionniste de Murnau. En 2002 sort donc Dracula Pages Tirées du Journal d'Une Vierge qui est l'adaptation cinématographique d'un ballet du Royal Winnipeg Ballet sur une partition de Gustave Mahler lui même tirée du mythique roman de Bram Stoker. Un film en noir et blanc totalement muet plus proche de Georges Méliès que de la Hammer pour une proposition cinématographique pour le moins radicale.
Je dois dire que j'espérais beaucoup de ce film tant le cocktail des différents ingrédients en place laissait entrevoir la possibilité d'une œuvre complétement folle. La déception n'en sera que plus grande car si le réalisateur de Careful et Archangel possède toujours cette capacité de faire (re)naître des images d'un autre monde et d'un autre temps, son film se retrouve cette fois ci plombé par des défauts qui me sont assez rédhibitoires. Si le réalisateur continue à explorer ses obsessions graphiques et que son film a été tourné sur différents supports pellicules allant du super 8 au 16 mm, Dracula Pages Tirées du Journal d'Une Vierge est un film tourné pour la télévision, retravaillé en vidéo et dont certains effets numériques réalisées en post production dénote franchement à l'image. Guy Maddin voulait par exemple que le sang et certains éléments rouges comme l'intérieur de la cape de Dracula soient peints à la main directement sur l'image, ils seront finalement ajoutés numériquement et même si visuellement cela n'a rien de scandaleux, on passe tout de même de la naïve poésie d'un effet bricolé à un effet volontairement un peu cheapos pour donner l'illusion qu'il est artisanal. Dans le même registre le film semble le plus souvent avoir été tourné sur d'immenses plateaux et décors de théâtre bien moins cinématographiques et organiques que pour les précédents films du réalisateur.
Bien plus embêtant encore, j'ai trouvé le film d'un insondable ennui n'arrivant jamais à totalement adhérer à cette proposition de ballet permanent. Même si le comédien et danseur asiatique Wei-Quiang Zhang possède le charisme des grands saigneurs, voir Dracula faire des pointes, des pirouettes et des entrechats ne me convainc pas forcément. Et puis étrangement Guy Maddin qui semblait être un cinéaste plutôt contemplatif et posé nous propose ici un montage très haché et brutal qui détonne avec la poésie habituelle et le rythme lancinant inhérent à la poésie onirique de ses précédents films. Même si ce Dracula regorge encore et toujours de moments fascinants comme une danse de démons autour du lit de Lucy qui semble sortir directement d'un film de Méliès, dans l'ensemble et pour la première fois le cinéma de Guy Maddin m'a semblé d'un coup bien artificielle et vain.
Si la proposition de montrer un Dracula version ballet de danse classique est peut être bien plus la source de mon ennui que véritablement le travail mise en scène de Guy Maddin il n'empêche que ce Dracula Pages Tirées du Journal d'Une Vierge est une sacrée déception de la part du réalisateur qui jusque là parvenait toujours à me fasciner sans trop m'ennuyer.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Blog à Part et 2022 : Films vus et/ou revus
Créée
le 15 juin 2022
Critique lue 37 fois
2 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur Dracula : Pages tirées du journal d'une vierge
L’alliance « Dracula + ballet + film muet » était ambitieuse, mais tout l’éventail d’effets de scénographie déployé avec emphase se révèle assez peu cinématographiques. On retrouve la même volonté de...
le 29 nov. 2019
1 j'aime
Superbe film esthétique, aussi bien pour le son que l'image, bref du Guy Maddin à la Carreful. Le ballet de Winnipeg : époustouflant. Ce film en noir et blanc nous emmène en plein dans les années 20,...
le 5 mai 2012
1 j'aime
QUOI ? Adapter l'histoire de Dracula sous la forme d'un ballet inspiré de l'esthétique du cinéma expressionniste des années 20 ?C'est tout à fait osé mais c'est encore une super expérience signée Guy...
Par
le 9 juin 2023
Du même critique
Depuis longtemps, comme un pari un peu fou sur un avenir improbable et incertain , Clément filme de manière compulsive et admirative son frère Aurélien et ses potes. Au tout début du commencement,...
Par
le 16 oct. 2021
76 j'aime
5
Nouvelle série création pseudo-originale de Canal + alors qu'elle est l'adaptation (remake) de la série américaine Burning Love, La Flamme a donc déboulé sur nos petits écrans boosté par une campagne...
Par
le 28 oct. 2020
55 j'aime
5
J'attendais énormément de La Meilleure Version de Moi-Même première série écrite, réalisée et interprétée par Blanche Gardin. Une attente d'autant plus forte que la comédienne semblait vouloir se...
Par
le 6 déc. 2021
44 j'aime
4