Pour sa dixième et toute dernière interprétation du célèbre vampire Dracula, Christopher Lee se retrouve dans une comédie française au côté de Bernard Menez. On est en droit de se dire que l'iconique comédien aurait sans doute pu choisir meilleur support pour faire ses adieux au rôle le plus emblématique de sa carrière même si ce Dracula Père et Fils n'est finalement pas le nanar déshonorant que pouvait laissez craindre son improbable affiche.
Dracula Père et Fils nous raconte donc l'histoire du célèbre vampire qui après avoir capturer une jeune femme en fait son épouse après que cette dernière lui ai donné un fils. Malheureusement la femme meure prématurément et ce bon Dracula se retrouve seul à élever un fils farceur. Après plusieurs siècle père et fils sont contraint de quitter la Roumanie et se retrouve séparés sur la route vers l'ouest de l’Europe …
La première relative bonne surprise c'est que le film écrit par Alain Godard (Coup de Tête), Jean Marie Poiré et Edouard Molinaro évite les pièges de la parodie facile et de la grosse farce franchouillarde. Dracula Père et Fils s'inscrit dans un registre de comédie de mœurs assez plaisant à défaut d’être vraiment drôle. Le film réalisé sans éclats par Edouard Molinaro possède même quelques petites idées amusantes et intéressantes comme de faire du fils de Dracula un immigré vivant dans les même conditions que des étrangers venus en France au début des années 80 ou de donner au papa vampire une carrière d'acteur de films d'épouvante en Angleterre dans une sorte de mise en abîmes faisant que Christopher Lee interprète un Dracula qui devient acteur de son propre rôle de prince des ténèbres. Le principal ressort dramatique du film restera une confrontation père fils autour d'une jeune femme que les deux convoitent pour des raisons similaires (en faire leur épouse) mais avec des méthodes bien différentes car là ou le père souhaite croquer le cou de sa prétendante pour un amour éternel, le fils souhaite simplement l'aimer de façon humaine. Un banal conflit de génération mais aussi le symbole d'un fils qui souhaite échapper à un chemin prédestiné par des siècles de traditions familiale. Les thématiques qui tournent autour du film sont donc nombreuses et si finalement aucune n'est pleinement exploitée elles ont au moins le mérite d'exister. Si le film n'est clairement pas désagréable à regarder à l'image de son prologue digne d'un film de la Hammer, on regrettera toutefois une sorte de faux rythme un peu ronronnant avec même quelques sérieux coups de mou.
Dracula Père et Fils n'est clairement pas une comédie devant laquelle on risque de se tenir les côtes en se roulant parterre mais il offre quelques petites occasions de sourire franchement comme lorsque Dracula s'introduit dans la chambre d'un couple et croque malencontreusement une poupée gonflable, que Bernard Ménez choisit un peu dépité une prostituée qui ne lui plaît pas trop mais qui a l'avantage de ne pas avoir de crucifix autour du cou ou qu'il se casse les dents sur une morte un peu trop dure. Niveau casting Christopher Lee est impeccable, en même temps il connaît son personnage sur le bout des canines, mais son interprétation juste un poil décalée apporte une petite touche de dérision bien venue. Bernard Menez dont la filmographie ne plaide pas trop en sa faveur est franchement convaincant en éternel adolescent un peu gauche tiraillé entre un désir de vie humaine et un besoin de se nourrir de sang. On retrouve également au casting la délicieuse Marie-Hélène Breillat (épouse de Molinaro) que je regardais petit dans la série TV Claudine et qui incarne ici la femme convoitée par Dracula et son fiston, on retrouve aussi sa sœur Catherine Breillat qui fera par la suite la carrière de réalisatrice de films chiants que l'on connaît. On aura aussi le plaisir de retrouver dans des rôles plus ou moins important de nombreuses figures connus comme Gerard Jugnot en contremaître beauf et raciste, Dominique Zardi, Jean François Derec, Marthe Villalonga, Raymond Bussière ou Jean Lescot.
En un mot comme en sang, Dracula Père et Fils est un film très moyen. Pas assez pertinent dans ses thématiques, un peu paresseux dans son rythme et manquant singulièrement de mordant dans son humour. Christophher Lee n'aura donc pas offert à son personnage emblématique une sortie par la plus grande des portes , fort heureusement ce n'est pas non plus l’issue de secours et encore moins la porte des chiottes.