Il s'agit du second Dracula qui réunit Terence Fisher et Christopher Lee, pour la célèbre maison de production Hammer qui est, en 1965, au sommet de son prestige et de sa popularité. Dans cette nouvelle histoire, on a malheureusement oublié Van Helsing (interpreté par le grandissime Peter Cushing dans le premier film) qui pourtant, était le seul à avoir survécu. Mais Cushing se retrouve néanmoins un petit peu au début du film lorsqu'on revoit, en guise d'introduction, la mise à mort de Dracula à la fin du précédent opus. Une fois de plus, le scénario prend des distances avec le roman original, même s'il distille des références (Renfield) non présentes dans le premier film. On introduit aussi ici l'idée qu'un vampire ne peut pénétrer dans une demeure que s'il y est invité, qu'il peut être détruit par plusieurs moyens (la croix, la lumière du jour, l'eau vive). L'histoire ne se déroule qu'aux Carpathes et présente 2 couples de Londoniens en vacances dans cette région. Il y a dix ans que le comte Dracula a été détruit mais les autochtones conservent leurs croyances ancestrales par rapport aux vampires. Au milieu d'eux, un moine excentrique tente de les raisonner, en les rassurant sur l'issue fatale du comte. Mais Dracula a un disciple bien humain qui attend bien patiemment l'opportunité de faire renaître son maître de ses cendres. Terence Fisher réussit avec brio à nous faire patienter plus de 45 minutes avant de nous présenter le célèbre vampire. Il prend le temps de poser ses personnages et d'installer une ambiance angoissante progressive. Le serviteur du comte est superbement interprété par Philip Latham qui ressemble étrangement à son maître et fait peur lors de ses apparitions. Fisher préfère présenter un intérieur de château confortable, propre et décoré, contrairement à celui du premier Dracula (celui avec Bela Lugosi en 1931) où l'horreur était associée au délabrement. Mais cette atmosphère propre n'en est pas moins angoissante. Le film présente une scène assez gore et osée pour l'époque, lorsque le domestique pend une victime par les pieds et l'égorge pour recueillir son sang. D'ailleurs, Fisher doit avoir effectué quelques petites coupes au montage car on ne voit pas le sang couler du cadavre, on ne le voit que tomber sur le sol. Comme d'habitude, Fisher introduit astucieusement quelques moments d'humour noir, notamment lorsqu'un invité demande au domestique si Dracula a laissé un héritier. Il répond que le comte n'a laissé aucune descendance, et ajoute "du moins, comme on l'entend". Je suis toujours soufflé par la technique de Fisher qui est très efficace dans sa sobriété. Il n'a jamais de temps mort et chaque scène introduit la suivante. Les montages de ses films sont des symboles d'efficacité. Le petit bémol vient des effets spéciaux qui ont certainement souffert d'un manque de moyens. Les décors peints et les maquettes sont visibles. Le jeu des acteurs dans certaines situations (de couple ou d'horreur) est malheureusement daté et pourrait gêner certains plus jeunes non habitués à ces films d'une autre époque. En ce qui me concerne, j'ai bien aimé, même si je préfère quand même le premier.

daniellebelge
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le 27 mars 2015

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