Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏

Parmi la pléthorique carrière et les plus de 200 films de ce stakhanoviste de la série B qu'est Jess Franco et ses innombrables pseudonymes, on ne trouve pas que des perles. Si le réalisateur est capable d'emballer de sympathiques films à petit budget il est aussi capable de torcher d'improbables nanars comme ce bordélique et limite film expérimental Dracula Prisonnier de Frankenstein aussi appelé car c'est plus vendeur même si c'est honteusement mensonger Les Expériences érotiques de Frankenstein ou Dracula Contre Frankenstein.


Difficile de résumer en quelques mots l'histoire de ce film dont j'ai vaguement compris le contexte en lisant le synopsis. Il est ici question du docteur Frankenstein qui à l'aide de sa créature vient ressusciter Dracula pour tenter de régner sur le monde. Mais malheureusement pour eux ils se heurtent à un médecin qui avec l'aide d'un gitane et d'un loup garou compte bien contrecarrer ce plan diabolique (Bon ben voilà ! Finalement j'ai résumé tout le film)


Le moins que l'on puisse dire c'est que Dracula Prisonnier de Frankenstein n'est pas un film bavard puisque le film comporte très peu de dialogues à l'image des 15 premières minutes qui sont quasiment muette. Le film débute donc dans une orgie de zooms et dé zooms sur tout et n'importe quoi, de bruitages étranges et accentués, de chauve souris en plastique et de personnages qui errent à l'écran sans trop comprendre ce qu'ils foutent là. La suite du film sera du même tonneau tant on imagine que personne n'a voulu s'emmerder à écrire les dialogues qui mis bout à bout doivent tenir sur une seule face de feuille A4. Une approche assez minimaliste qui n'empêche toutefois pas de comprendre les grandes lignes de cette improbable rencontre entre les grand monstres Universal (certaines affiches de l'époque reprennent même les têtes de Lon Chaney et Boris Karloff) mais en version univers sale. Nous aurons donc droit à un Dracula avec l'air ahuri interprété par Howard Vernon qui fait tout de même illusion avec ses yeux injectés de sang lors de deux trois scènes, une créature de Frankenstein au maquillage assez approximatif de latex qui se décolle et de gouache verte et cerise sur le gâteau l'un des plus ridicule loup garou de l'histoire du cinéma qui nous offrira tout de même un curieux fight de catch avec la monolithique créature de Frankenstein. On a vraiment la sensation que tout fonctionne en service minimum et que chaque poste du tournage est à la limite de l'emploi fictif à l'image de la musique de Bruno Nocolai qui tourne en boucle et qui sera par la suite recyclé pour le film Justine du même Jesus Franco. Chef décorateur, maquilleurs, directeur de la photographie, dialoguiste , tout ce petit monde semble avoir fait le stricte minimum pour que ce Dracula Prisonnier de Frankenstein ressemble vaguement à un film. Les comédiens ne sont pas en reste et le britannique Dennis Price qui incarne le docteur Frankenstein parvient à être mauvais même lorsqu'il ne fait strictement rien à l'écran.


La quasi absence de dialogues , la mise en scène foutraque de Franco qui peine à faire sa mise au point, les sautes de montage et l'ambiance étrange du film lui confère donc un aspect un peu expérimental pas foncièrement désagréable mais c'est lorsque le film glisse vers le nanar qu'il reste le plus savoureux. Les amateurs de dentiers de farce et attrapes et de chauves souris en plastique rigide seront aux anges surtout que magie du cinéma de succulents bruitages entre le singe en rut et le goéland bourré au chouchen donne vie aux étranges volatiles nocturnes qui s'agitent sans bouger sur l'écran. Si Jesus Franco ne nous offre pas la moindre scène érotique (décidément c'est service minimum partout) nous aurons tout de même droit à une petite chanson de cabaret avec la délicieuse Josyane Gibert qui chante en mauvais play-back ce texte aux rimes approximatives mais d'une évidente puissance poétique : "Et badaboum ça va l'amour j'connais ça / Regardez mes cuisses / Quelle souplesse / Et Badaboum ça va / Quand tu verras mes fesses / il te faudra des jours pour t'en remettre" . Le film regorge ainsi de petits plaisirs comme lorsque Dracula se fait planter un pieux dans le cœur par un personnage qui utilise à cet effet un pic ridicule avec minuscule marteau à ferrer les dindons, car oui l’accessoiriste aussi était en service minimum entre deux RTT. On notera aussi la présence étrange d'une femme visiblement folle et artiste qui passe son temps à chanter « Lalalalala » et à crier très fort au milieu de ses créations dignes d'un atelier de travaux manuels de cours préparatoire en vue de la fête des mères.


Si l'aspect foutraque et hautement expérimental de l'ensemble font que ce Dracula Prisonnier de Frankenstein est parfois célébrer comme un film d'auteur poétique et maladroit pour une critique maelstrom qui hier encore aurait conchié ce petit film de genre, je préfère envers et contre tous (Y compris le site référence Nanarland) m'amuser à y voir un singulier mais sympathique nanar.


Ma Note Nanar : 06/10


freddyK
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Seul Au Monde (Ou Presque) et 2022 : Films vus et/ou revus

Créée

le 29 sept. 2022

Critique lue 43 fois

4 j'aime

1 commentaire

Freddy K

Écrit par

Critique lue 43 fois

4
1

Du même critique

Orelsan : Montre jamais ça à personne
freddyK
8

La Folie des Glandeurs

Depuis longtemps, comme un pari un peu fou sur un avenir improbable et incertain , Clément filme de manière compulsive et admirative son frère Aurélien et ses potes. Au tout début du commencement,...

le 16 oct. 2021

76 j'aime

5

La Flamme
freddyK
4

Le Bachelourd

Nouvelle série création pseudo-originale de Canal + alors qu'elle est l'adaptation (remake) de la série américaine Burning Love, La Flamme a donc déboulé sur nos petits écrans boosté par une campagne...

le 28 oct. 2020

55 j'aime

5

La Meilleure version de moi-même
freddyK
7

Le Rire Malade

J'attendais énormément de La Meilleure Version de Moi-Même première série écrite, réalisée et interprétée par Blanche Gardin. Une attente d'autant plus forte que la comédienne semblait vouloir se...

le 6 déc. 2021

44 j'aime

4