Dragon Ball Z : Broly, le super guerrier
7.1
Dragon Ball Z : Broly, le super guerrier

Long-métrage d'animation de Shigeyasu Yamauchi (1993)

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A la fin des années 80, la bombe Akira de Katsuhiro Otomo donna suffisamment de crédibilité à la japanimation pour qu'elle s'exporte massivement à travers le monde. Popularisé par les nombreux animes japonais (Saint Seiya, Captain Tsubasa, Hokuto No Ken, Ranma 1/2...) qui remplissaient les grilles de diffusion du cultissime Club Dorothée, la japanime devint très vite un phénomène de mode en France, cette dernière restant pendant longtemps le second pays consommateur de mangas au monde, après le japon.


Un des animes qui participa fortement à l'émergence de cette mode est bien entendu Dragon Ball Z, suite de Dragon Ball et adaptation du manga éponyme de Akira Toriyama, dont l'esthétique innovante, les bastons homériques et les nombreux changements de ton en firent un véritable phénomène qui fit fureur chez les écoliers de l'époque. Et pas que, DBZ restant aujourd'hui un dessin animé indémodable que beaucoup d'enfants (plus ou moins grands) regardent encore (quel enfant ne connait pas Son Goku ?). A côté de la série, déboulèrent aussi une ribambelle d'animes de moyens-formats, dérivés du manga éponyme et censés développer l'univers imaginé par Toriyama. Pour la plupart difficiles à situer au sein de la chronologie officielle, ces quelques aventures alternatives eurent surtout pour effet d'ajouter aux nombreux produits dérivés issus du dessin animé télévisé.


Parmi ces quelques OAV, il y en a un qui à mon sens, sort clairement du lot. Il s'agit de Broly le super guerrier, réalisé par Shigeyasu Yamauchi (également réalisateur de l'anime) et écrit par Takao Koyama (principal scénariste de l'anime). Cette huitième aventure indépendante de Son Goku et ses amis les confronte à un ennemi d'anthologie, tellement mémorable qu'il deviendra un des personnages les plus connus de Dragon Ball, et ce, sans avoir été intégré à la série et à la chronologie officielle.


Théoriquement, l'intrigue de ce huitième film peut se situer juste avant le Cell Game (le fameux tournoi organisé par Cell peu après la saga des cyborgs). Alors que Son Goku et Chichi se rendent en ville pour inscrire leur fils Gohan à un collège prestigieux, ce dernier se repose tranquillement au cours d'un pique-nique au parc, en compagnie de Krilin (en mode The Voice), Vegeta (très mauvais public), Trunks (celui du futur), Oolong et même Tortue géniale. C'est alors qu'un vaisseau alien attérit non loin de nos héros, sa soute déversant des légions de soldats aux ordres d'un certain Paragus. Ce dernier dit être un autre saiyen ayant survécu au génocide de sa race. Il est venu chercher Vegeta pour le convaincre de gouverner la nouvelle planète des saiyens et de la sorte, lutter contre la menace du retour du guerrier millénaire, ce saiyen légendaire issu d'une prophétie que tout le monde redoute, et qui aurait détruit à lui-seul toute une galaxie. Imbu de lui et voyant là l'occasion rêvée de renouer avec son héritage royal, le prince Vegeta décide donc de suivre Paragus sur la fameuse planète. Trunks et tous ses amis, intrigués par cette histoire, décident de l'accompagner. A peine arrivé sur la planète, Vegeta entreprend rapidement de retrouver la trace du guerrier millénaire. Il est accompagné de Broly, un saiyen de rang inférieur, fils de Paragus, et que Vegeta semble estimer plus que son propre fils Trunks. Mais alors que ses recherches restent infructueuses, Goku, venu rejoindre ses amis, a tôt fait de mettre au jour les véritables intentions de Paragus ainsi que l'identité du guerrier légendaire...


Sur un pitch imaginé par Koyama, Broly le super guerrier propose tout d'abord un retour sur les origines des saiyens via quelques flash-backs avant de convoquer l'essentiel de la Z-Team originelle dans une même unité de lieu. La nouvelle planète Vegeta n'est qu'un astre désolé où subsistent les vestiges d'une gigantesque métropole que Paragus et ses sbires prétendent vouloir rebâtir pour en faire le point de départ d'un nouvel ordre Saiyen. Cette cité abandonnée deviendra dans la dernière partie du film le théâtre d'un pugilat dantesque, opposant la quasi-totalité de nos héros face à un adversaire tellement puissant qu'il nécessite l'alliance de tous pour pouvoir rivaliser avec lui (seuls Cell et super C-13 bénéficieront aussi de ce "traitement de faveur"). Ce qui en révèle beaucoup sur le caractère particulier du film, quand on sait que DBZ privilégie généralement des combats équitables à un contre un pour répondre à l'exigence de la fierté Saiyen. Cette dernière en prend d'ailleurs un sacré coup à travers l'attitude démissionnaire de Vegeta dans la dernière partie du film, qui préférera carrément courber l'échine face à la révélation de la surpuissance du guerrier légendaire. Animé par un regain de fierté, le prince saiyen finira toutefois par se relever pour prendre lui aussi sa raclée comme il se doit alors que Goku, Trunks, Piccolo et Gohan servent déjà de punching ball à leur terrible adversaire.


Celui-ci reste bien sûr la principale attraction du film. Mutique et marmoréen, le fils de Paragus, apparaît tout d'abord comme un serviteur docile, sans la moindre personnalité et qui tel un zombie obéit simplement aux ordres de son père (lequel le maintient secrètement dans un état catatonique par le biais d'un collier inhibiteur) et de Vegeta. L'apparition de Goku sera le déclencheur de la colère du géant, laquelle sera amplement explicitée dans un long flash-back revenant 30 ans en arrière à la naissance de Broly et de Goku (alors Karotto). Les deux bébés ayant été placés dans la même couveuse, les pleurs incessants du petit Karotto auraient finalement marqués à jamais la psychée de Broly jusqu'à le rendre fou furieux dès qu'il se trouve en présence de l'aura de Goku. Paragus perdant le contrôle sur son fils, ce dernier entame une transformation des plus impressionnantes, les muscles de son corps triplant de volume et son aura verdâtre et dorée le plaçant clairement un cran au-dessus de ses congénères. Les pupilles de ses yeux ayant disparus (une manière de signifier la puissance exceptionnelle d'un personnage chez Toriyama), Broly devient une sorte de monstre gargantuesque et ricanant, contre lequel toute tentative de résistance semble inutile. A tel point que les scénaristes eux-même sembleront bien embêtés en bout de bobine lorsqu'il s'agira de justifier la défaite attendue du monstre.


Il est intéressant de remarquer que Broly avait déjà tout pour être intégré logiquement dans la chronologie officielle. Increvable et revanchard, il aurait pu représenter alors la némésis absolue pour Goku. D'autant que sa seule existence démontre que le héros n'est pas le traditionnel élu, le guerrier légendaire de la prophétie, tel que le croyait Freezer sur Namek. Plus subtilement, Koyama comptait faire de Broly un personnage plus tragique car incapable de comprendre son statut d'élu (à sa mort, le personnage devait s'exclamer "Qui suis-je enfin ?", réplique que la Toei décida de supprimer).


La place particulière de Broly au sein de la franchise en fait un des personnages qui aurait certainement mérité meilleur traitement. Il sera finalement sous-exploité pendant plus de vingt ans, apparaissant à peine au détour de différentes cinématiques de jeux vidéos afin de répondre à l'attente des fans pour lesquels le personnage était devenu culte. La suite du film, Le retour de Broly, ne confrontera même pas Broly à Goku, les scénaristes ayant certainement préféré éviter un nouveau rapport de force alors que Goku était devenu nettement plus puissant à l'époque de cette séquelle. Et ne parlons pas du troisième opus, Bio-Broly, un OAV sans saveur, où le clone raté du guerrier se confronte à des adversaires sans envergure. Il faudra finalement attendre la fin d'année 2018, pour que les créateurs de Dragon Ball Super choisissent de consacrer un long-métrage au guerrier légendaire pour conclure définitivement leur série. L'occasion pour Toriyama de se réapproprier un personnage qu'il n'a pas créé et d'en rebooter ses origines et sa psychologie, le transformant ici en Gaspard Hauser de l'espace. Si ce vingtième long-métrage officiel se regarde non sans déplaisir, notamment pour son animation survoltée et un prologue salvateur sur la planète Vegeta, le fan pur et dur lui, reprochera juste le caractère radouci et franchement bonifié d'un antagoniste ma foi, plutôt sympathique. De quoi regretter la folie destructrice de ce bon vieux Mad Broly des 90's.

Buddy_Noone
8
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le 20 juil. 2019

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Buddy_Noone

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6

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