Plaidoyer pour un film claqué

Qu'on soit bien clair, Drop Dead Fred n’est pas un bon film.

Résumons : Elizabeth "Lizzie" Cronin se fait larguer par son mari infidèle, perd sa voiture, se fait voler son sac à main, et en plus elle est virée de son taf, tout ça en une heure. Forcée de retourner chez sa mère autoritaire, son ami imaginaire zinzin, "Drop Dead Fred", va alors revenir des tréfonds de son enfance pour foutre le boxon. Celui-ci va littéralement tout faire pour saborder davantage la vie et les relations de Lizzie, dans le but de la rendre "heureuse"...

On va pas y aller par quatre chemins, ce qui rebute tout de suite, c'est l'humour pot de chambre et le caractère proprement insupportable dudit Fred. Les blagues à coup de crottes de nez et d'effets spéciaux datés, c'est gênant à en mourir. Je pèse mes mots, vous allez cringer. Fort.

L'intrigue piétine longtemps, les catastrophes s'enchaînent, y a beaucoup trop de vannes graveleuse méga grasses et nous, on s'enfonce dans notre fauteuil, en se demandant si ce qu'on est en train de regarder est bien une comédie caca-boudin pour enfants ou bien un film d'horreur pervers et malsain, et par-dessus tout, pourquoi diable on s'inflige ça.

Au fil du film s’insèrent cependant des éléments qui amèneront plus ou moins subtilement les thématiques de l’histoire, à savoir les relations toxiques, la maltraitance enfantine, la difficulté en tant que victime d’abus de s’échapper de ces schémas… C’est verbalisé d’une manière assez peu commune pour une “comédie” familiale, en particulier sur le dernier tier du film. Franchement, on voudrait beaucoup plus de media qui abordent ce sujet, surtout du point de vue d'une femme, un choix loin d’être anodin dans notre bon vieux patriarcat.

On ne saura jamais vraiment si Fred est une véritable entité surnaturelle ou une projection des traumatismes de Lizzie, ça reste de l’ordre du fantastique et c’est plutôt bienvenue.

La fin est correcte bien qu’imparfaite, y a un ptit côté rushé où on aurait voulu que les scénaristes aillent au bout de leur idée au lieu d’opter pour une fin convenue. (Même si j'ai pleuré mais je suis une fragile.)

Phoebe Cates, dont on avait vu la bouille dans Gremlins, est plutôt mimi et transmet bien la vibe de la Weird Girl traumatisée, dépressive, qui ne s’assume pas, qui enchaîne les décisions de merde par déni et qui réprime réprime réprime tout ce qu’elle peut. Un perso féminin bien écrit, ça fait plaisir.

Rik Mayall, enfant terrible de la comédie britannique, donne une couleur acide au personnage de Fred pour un résultat franchement discutable, passant du proto-Jim Carrey psychopathe version Wish à un ange gardien véritablement touchant, catalyseur du développement et de la libération d’Elizabeth.

Du côté des rôles secondaires, surprise, Carrie Fisher est là et joue la meilleure pote de Lizzie, que clairement on devrait tous avoir, rien à redire j’adore ce perso.

J’ai envie de dire que ce film mérite une chance, mais en même temps, ça me désespère qu’on soit obligés de creuser dans les bouses pour trouver des perles.