FGKO est un duo de réalisateurs qui s’était fait connaître en 2018 lors de la sortie de Voyoucratie, un thriller musclé très inspiré de l’esthétique Pusher, la trilogie du danois Nicolas Winding Refn. Avec Du crépitement sous les néons, FGKO retrouve cette énergie caméra à l’épaule dans une ambiance crasse mais cette fois plus stylisée, comme si la colorimétrie pop de Drive s’y était ajoutée.
Le film suit le parcours d’un jeune voyou de banlieue (Jérémie Laheurte), obligé de convoyer une nigériane prisonnière d’un réseau de prostitution (Tracy Gotoas) jusqu’en Espagne. Sur la route, poindra l’espoir d’une vie nouvelle et d’une seconde chance.
Si le scénario suit le chemin balisé du genre avec son lot de salauds, de retournements de situation et de courses poursuites, la force du sujet réussit tout de même à embarquer le spectateur qui assiste, impuissant, à l’horreur la plus abjecte. L’une des belles réussites tient en cette impression de réalisme brut, très bien documenté sur l’organisation de ces réseaux gérés par des gangsters en survet’ et des mamas sans le moindre état d’âme.
Mené à un rythme infernal pendant 1h40, le film impressionne dès son ouverture : l’arrivée oppressante d’un camion qui transporte plusieurs femmes nigérianes traitées comme du bétail destiné à l’abattoir. Il est dommage que cette intensité ne soit pas tenue tout le long, les réalisateurs enlisant leur discours dans des péripéties parfois trop grosses pour être crédibles, ou trop évidentes pour être surprenantes. Il n’empêche que le résultat est convaincant, en particulier grâce au jeu de ses comédiens. Jérémie Laheurte que l’on avait découvert en 2013 dans La vie d’Adèle s’investit pleinement dans son rôle, en permanence au bord du précipice, perdu dans une fuite sans fin. Tracy Gotoas est quant à elle très crédible dans une émotion contenue jusqu’au bout, chose difficile s’il en est au regard de son rôle si lourd à porter. Les seconds rôles ne sont pas en reste, notamment le personnage qu’interprète Idir Azougli, l’une des révélations du film Shéhérazade. Cet acteur est, une fois encore, parfaitement juste, sa sensibilité à fleur de peau exacerbée par sa voix cassée de fumeur.
Critique écrite pour le webzine Beware : https://www.bewaremag.com/du-crepitement-sous-les-neons/