On est tous d'accord que les frères Farelly ont vu leur talent dégringoler au début des années zéro zéro.
Après avoir signé les bons ou très bons Dumb & Dumber, Kingpin, Shallow Hal, Me, Myself & Irene, et le chef-d’œuvre There's something about Mary, les deux frères ont fait un malheureux crochet dans la comédie sentimentale avec le truc sur les siamois et l'autre avec Jimmy Fallon. Puis inaugurant leur retour à la comédie avec le très passable Heartbreaker Kid, nette baisse de niveau, avant d'explorer les abysses du trou de balle de la comédie, déjà bien farci : Hall Pass et The Three Stooges.
C'était l'heure de tenter le tout pour le tout : faire une suite d'un film culte pour prouver à Hollywood qu'ils sont encore bankable.
Premier problème : Jeff Daniels. En 1994, il était déjà marrant comme un one man show de Caroline Fourest, avec vingt ans dans la gueule, ça devient difficile de ne pas fondre en larme à chaque tentative de gag. J'ai bien peur qu'il ne faille le garder exclusivement pour les rôles de méchants en costard dans les films de spationautes.
Deuxième problème : la fibre humoristique des Farelly est toujours là, mais l'inspiration est un peu short. Les gags sont assez rares et faiblards, malgré quelques fulgurances, réminiscences de l'âge d'or farellyesque. Mais on ne s'ennuie qu'un petit peu, grâce au savoir-faire narratif des frangins.
Seul Jim Carrey, dont le talent n'est pas encore trop rouillé - malgré des années de relative inactivité et de perdition entre méditation transcendantale et conférences universitaires borderline sectaire sur l'énergie positive -, est arrivé à sortir quelques rires francs de ma bouche crispée. Ses fastes années 90 sont toutefois manifestement révolues...
La bande-originale d'Empire of the Sun imprègne l'ensemble de la fraîcheur qui les caractérise, le choix prouve au moins que le goût musical des réalisateurs, lui, n'a pas faibli.
Morale de l'histoire : le talent, c'est comme l'hygiène buccale, quand on ne l'entretient pas régulièrement, ça laisse des grosses séquelles et ça daube.