Eat
4.2
Eat

Moyen-métrage de Andy Warhol (1963)

Plan fixe : un homme dans la force de l'âge, vêtu d'un feutre, mange un champignon. Son visage impassible prend la place d'une grande partie du cadre. De temps à autre il se balance dans son fauteuil à bascule dont on distingue le dossier boisé, attrape un chaton puis regarde longuement vers l'extérieur de la pièce dans laquelle il se trouve. Il mord, déguste, savoure lentement son champignon. Puis il s'arrête, regarde la caméra, puis reprend sa rêverie et son laborieux mâchement. Dehors une lumière immaculée vient frapper le visage de l'homme, le transformant par intermittence en quelque spectre, en quelque sorte d'ombre blanche... Il n'y aura rien d'autre à voir.


En quarante minutes étrangement captivantes Andy Warhol filme, sinon enregistre, cette seule et unique action consistant à ingurgiter de la façon la plus languissante qui soit un champignon comestible. Film-concept fidèle aux provocations légendaires de l'artiste underground new-yorkais Eat repose sur une idée intéressante : comment développer une action banale, triviale pour ainsi dire, via la durée cinématographique d'un plan-séquence a priori interminable ? Le pied-de-nez de Warhol est pourtant suffisamment court pour nous intriguer de toute sa longueur, bien loin des huit heures redoutables d'un Sleep ou d'un Empire, et surtout très intelligemment cadré et mis en lumière...


Un film digne d'intérêts donc, idéal pour entamer la découverte d'un artiste pour le moins controversé, certainement critiquable par certains aspects mais en l'occurrence tout à fait saisissant cinématographiquement. A voir.

stebbins
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le 30 avr. 2015

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stebbins

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