Parmi la multitude des artisans du cinéma bis italien des années 70/80 tous ne peuvent pas prétendre au haut du panier. Mario Siciliano se situe plutôt vers le bas, sous les fruits et les légumes les plus juteux, colorés et appétissants et pas très loin des vieux navets. En même temps je suis un peu sévère avec le bonhomme dont je n'ai vu que deux films avec le médiocre Django Ne Prie Pas (1968) et cet assez mauvais Écorchés Vifs datant de 1978. Un titre un peu putassier qui lorgnait sans doute vers l'exotisme naissant des films de cannibales pour ce qui reste un banal et poussif film d'action.
L'histoire est celle de Rudy un type qui semble avoir contracté des dettes auprès de truands puisque ils le rouent de coups en lui réclamant du pognon. Rudy décide donc d'aller taxer sa petite amie et de se barrer illico en Afrique pour y retrouver son frère, ou demi frère, honnêtement je n'ai pas explorer l'arbre généalogique. Ce frangin est un soldat mercenaire qui fait régner la terreur avec ses compagnons et qui posséderait des diamants ce qui pourrait sauver la mise à ce bon Rudy , encore fait il qu'il veuille bien lui en refiler.
Écorchés Vifs est bien plus proche du film de guerre et d'action que du film d'horreur que son titre laissait entrevoir. On se retrouve donc avec une bande de mercenaires dont on ne sait pas trop ce qu'ils font là à part bien sûr attaquer des villages africains pour buter tout le monde et violer la première femme qui se présente. Après ils font un petite pause puis ils repartent buter des africains en ricanant et violer une africaine en grimaçant, la routine du soldat quoi. Mais un soir le colonel Franz, chef de meute et frère de Rudy est kidnappé par des rebelles africains sans doute lassés de voir des villageois se faire massacrés et des femmes se faire violées. Aussitôt Rudy motive le reste du commando de partir délivrer Franz, pas vraiment par amour fraternel mais juste parce que son frangin cache ces diamants dans son pantalon et que lui tout seul il est pas chaud pour la confrontation vu qu'il déteste la bagarre. L'histoire de Écorchés Vifs n'est donc pas des plus palpitantes et elle ne va servir qu'à enquiller des scènes d'action et de guerre moyennement convaincantes. Alors bien sûr autres mœurs, autre époque et quand bien même les dialogues ne reflètent que la bassesse du front de ces soldats mercenaires, le film est truffé d'insultes et de connotations racistes difficilement audibles de nos jours. De toute évidence Mario Siciliano ne fait pas dans la dentelle psychologique ni dans la chasse au stéréotypes comme lorsqu'il montre des africains danser en rond autour de prisonniers accrochés à un piquet ( on est pas loin de la marmite des cannibales) ou que quatre noirs hilares en train de manger des bananes regarde un prisonnier souffrir attaché en plein soleil. Ah sacré Mario, de nos jours tu n'aurais pas le succès bienveillant de ton homologue plombier et moustachu. Et quand ça parle de femmes noires, alors là notre Mario il part carrément en free style dans la beaufitude crasse à l'image de ces deux soldats qui discutent en ricanant comme des crétins face à une esclave qui leur sert du thé les seins à l'air : "Y-a pas que les diams qui rendent fous , y-a aussi le manque de femelles mon gars – Elles sont du genre rares ici à part les négresses, disons qu'ici c'est le dépaysement totale et puis ces salopes sont pas toujours conciliantes – Hey tu vois moi ça fait des mois que je rêve d'une belle blonde bien roulée avec un cul énorme ". Houlala Mario, on va faire un petit temps mort juste le temps de ramasser les deux trois féministes qui viennent de faire un triple AVC avant de continuer.
Comme assez souvent quand un film est mauvais il est préférable d'en rire un peu et à ce titre, à force de personnages couillus jusqu'à la caricature, Écorchés Vifs glisse vers le nanar et devient parfois plaisant à regarder. Tout d'abord le film nous offre une belle galerie de tronches burinées fortes en gueule de cinéma bis qui ont souvent joués les deuxièmes ou troisièmes couteaux et pas toujours les plus aiguisés du tiroir. Des types souvent vus dans des westerns spaghettis, des polars, des films de guerre ou d'épouvante. On notera par exemple les présences de Mario Novelli (Sangraal – Crime au Cimetière Étrusque – Milan Calibre 9), Stefano Cedrati ( La dernière Maison sur la Plage) ou Charles Boromel (Bianco Apache – Horrible). Des bons gros mâle virils qui passent leurs temps à s'engueuler, se taper dessus, sortir leur grosse pétoire et vouloir violer (à l'écran bien sûr) la moindre figurante du casting. Des grands gaillards qui se comportent parfois comme des gosses d'une cours de maternelle se chamaillant pour des conneries et s'invectivant à la moindre occasion en des mots qui ne respirent pas la poèsie: « " Tu vas fermer ta gueule ou je te fais avaler ton râtelier mec – Tu savais qu'il avait un dentier ? - C'est sa femme qui va être contente il va pouvoir descendre à la cave sans la mordre" . Les dialogues poétiques de la VF soutenus par des doubleurs avec des voix bien caverneuses sont un véritable festival de mauvais bons mots et de connerie crasse comme cet échange surréaliste entre deux soldats : "Madame à ses vapeurs – C'est à moi que tu parles ? - Non à ta petite fiancée – Mais j'en ai pas !! - Ah bon d'accord, t'avances alors ". Mais mon dialogue préféré reste celui avec l'attaque d'une toute petite centaine de figurants africains face à l'un de ces mercenaires qui semblent un peu vouloir se glorifier au combat : " Y'en a au moins un million non de dieu - Une vraie nuée de sauterelles – C'est pas possible ils ont réquisitionné toute la population " ; le genre de mec qui te raconte qu'il s'est fait tabasser par dix mecs alors qu'il a juste pris une rouste par un gringalet mancho, mais bon, l'important c'est d'y croire. Le film nous offre aussi une master class sur les pires façons de mourir à l'écran en cabotinant comme un sauvage à coup de arghhhhhhhhhhhh , de ahahhhhhhhhhhhhh et même d'un magnifique uahhhahhh booooooooordel . A noter aussi, cerise sur le gâteau, une magnifique et lâche attaque de stock shot de serpent et une bande originale dont la ligne mélodique me semble être bien plus qu'inspirée par le Smoke on The Water de Deep Purple.
Voilà si vous êtes capable de prendre un peu de distance avec les aspects les moins reluisants et les plus discutables du film et que vous savez encore vous amusé des mauvaises choses alors cet Écorchés Vifs qui est à la fois fois très con, monstrueusement beauf et complètement amorale devrait vous permettre de passer un bon moment, enfin presque.
Ma Note Nanar : 06/10