Très à Table

En France on connaît assez peu le réalisateur espagnol Javier Aguirre malgré une pléthorique filmographie dans son pays. Le film le plus connu du réalisateur est peut être le romantique et gotique Le Bossu de la Morgue sorti en 1973 c'est dire la confidentialité de sa notoriété. Cette même année 1973 le réalisateur sortait El Asesino Esta Entre los Trece un thriller qui commence dans un univers à la Agatha Christie pour plonger ensuite (mais tardivement) vers le Giallo.

El Asesino Esta Entre los Trece c'est donc l'histoire d'une veuve qui réunit pour un week-end dans sa somptueuse maison divers personnes plus ou moins proches de son défunts mari. Lors d'un repas elle annonce froidement qu'elle est persuadée que son mari a été assassiné et que pour elle le meurtrier fait parti des convives. Commence alors un jeu de massacre, de révélations et de faux semblants afin de confondre le meurtrier.

Le moins que l'on puisse dire c'est que le film commence doucement avec la lente mise en place des personnages et surtout une longue séquence à table exposant les enjeux et les diverses présomptions de culpabilité à tel point que j'ai cru un instant que le film allait rester figé dans ce dispositif bavard et très théâtrale. Même si l'ensemble du casting est bon avec notamment une toute jeune Carmen Maura dont c'est l'un des premiers rôle et Patti Sheppard (Folie Meurtrière) parfaite en maîtresse de cérémonie du grand Whodunit, pas sûr que je serais rester jusqu'au dessert si le film était resté calé dans le même tempo. Fort heureusement une fois le couvercle du panier de crabes relevé le film devient un peu plus ludique et l'on prend du plaisir à voir les petits secrets mesquins, les histoires d'adultères, les tromperies et les affaires douteuse refaire surface en agitant tout ce petit monde. Il faudra tout de même attendre les deux tiers du film pour que le thriller vire enfin au giallo avec un mystérieux tueur ganté qui semble éliminer toutes celles et ceux qui se rapprocheraient un peu trop de la vérité. Le film enchaîne alors les meurtres comme pour supprimer un et un et paradoxalement tous les innocents. Malgré ce virage tardif vers une mécanique de giallo, l'intrigue toujours aussi plate ne décolle pas pour autant. On avance alors doucement vers une résolution du mystère forcément pas très convaincante et la sensation d'un film bien trop sage et assez pantouflard. A noter totefois pour l'anecdote la présence de Paul Naschy, véritable légende du cinéma fantastique espagnol et on aura quasiment fait le tour de la question.

Pas facile l'exercice critique quand il y-a si peu de choses à dire, le film ne bénéficiant d'aucun avis critique sur le site cette petite analyse aura au moins le mérite de remettre un peu en lumière Javier Aguirre. Une lumière un peu blafarde et vacillante, mais un poil plus éclairée que les ténèbres.