Grand gagnant des derniers Goya 2022 en Espagne, El Buen Patrón arrive en France en cette fin juin avec beaucoup d’espoir et d’attentes. Fernando León de Aranoa, l’auteur du film Les lundis au soleil (2003),, Fernando León raconte les malheurs qui accablent soudainement le patron d’une entreprise spécialisée dans la fabrication de balances. Un bon patron, d’allure sympathique et joviale, à l’écoute de ses employés, qui dirige son usine avec une certaine diplomatie. Mais derrière cette façade de type trop poli pour être honnête, se cache un dirigeant d’entreprise très paternaliste, un brin cynique et manipulateur qui, va dévoiler petit à petit sa vraie personnalité, ses failles, ses faiblesses… le tout pour le plus grand bonheur du spectateur !
Car oui il y a quelque chose de jubilatoire à voir cet homme sûr de lui, essayant de maitriser à peu près tout dans son entreprise, soudain confronté à divers problèmes, qui voit sa petite machine se dérégler, à la veille de la visite de la commission régionale. Il y a d’abord le licenciement d’un employé qui se passe mal et qui manifeste devant les grilles de l’entreprise, puis le plus proche collaborateur du patron qui se met pète les plombs à cause d’un problème d’adultère, sans oublier la jeune stagiaire qui fait de l’œil. Des petits tracas presque insignifiants qui vont finir par enfler et entraîner El Buen Patrón dans un tourbillon de problèmes sans fin. Doté d’un flegme à toute épreuve, il va tout faire pour garder la tête froide…
Bénéficiant d’une écriture soignée et extrêmement subtile, le film n’est pas à proprement parler une pure comédie et ne déclenchera pas forcément l’hilarité. Mieux que ça, il révélera bien des qualités et surtout une vraie originalité grâce à un scénario malin, révélant petit à petit la personnalité profonde d’un chef d’entreprise séducteur et manipulateur, impeccablement interprété par Javier Bardem.
On parlera donc plutôt ici de tragi-comédie, ou de comédie noire pour évoquer El Buen Patrón, un film dans lequel les rivalités, les jalousies, les coups bas pleuvent de manière crescendo au fil des minutes, en appuyant plus encore sur la dimension absurde et cruelle de l’histoire dans la dernière partie.
Une œuvre réjouissante donc, qui, malgré ses deux heures, parvient à tenir le rythme grâce un savoureux mélange d’ingrédients bien épicés. Un film bien caustique qui a le don de capter l’air du temps sans en avoir l’air, de proposer une satire du monde du travail vu à travers la figure d’un homme peu porté sur la morale, à qui tout semble réussir jusqu’au jour où le grain de sable vient enrayer l’équilibre de sa belle entreprise. A voir !
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