Très bon film, belle et efficace réalisation espagnole qui nous prouve que sur un ton léger on peut faire passer des messages lourds de sens et très révélateurs de notre société actuelle
Très différent de ce à quoi je m’attendais avec les critiques que j’avais vu qui le présentait comme un film plutôt comique. A mon sens, il l’est pas du tout et il s’agit plutôt là d’un portrait satirique du patronnât qui se voudrait paternaliste sans perdre de vue ses objectifs et de la vie en entreprise dans une Espagne moderne, frappée par les problèmes sociétaux et économiques telles qu’on les connaît.
Dès lors, à la rigueur, par la tournure des événements, il devient très caustique/ sardonique, le réalisateur semble prendre un malin plaisir à en faire un vaudeville presque macabre et violent, adouci par le regard désinvolte de ceux qui se veulent au dessus de tout en mettant toujours en premier lieu leurs intérêts ( le patron, l’inspection…) et ceux qui sont complètement à côté de leurs pompes ( Miralles joué par Mano Solo qui n’a de cesse de ressasser ses problèmes personnel et être un piètre travailleur).
Un regard assez ironique sur la vie d’une société de balance de pesage qui se veut, peut- être, être une critique de la société en son entier.
Le jeu d’acteur y est très juste entre un Javier Bardem qui maitrise à la perfection tous les aspects déroutants et surprenants de son personnage, un Mano solo colérique et paumée et une actrice que l’on remarque dans deux films cette année, Almudena Amor ( Abuela, Paco Plaza) jeune stagiaire peu farouche et très ambiguë quant à ses motivations et ses divers interactions parfois idéalistes et innocentes pour basculer vers de l’arrivisme diabolique.
J’ai adoré l’ambiguïté du « Patrón » joué à la perfection par Javier Bardem qui livre une prestation incroyable.
En effet on trouve à la fois un patron d’une société familiale qui se veut paternaliste, parfois attachant et puis à la fois très intrusif, manipulateur, égoïste qui nécessitera pas à mettre toute sa science pour arriver à ses fins. La réalisation se focalise sur l’équilibre puisqu’il s’agit d’une entreprise de balance : de l’équilibre des choses et de la justice : Le patron, en bon patron va t-il faire des choix et agir de manière pondérée et juste ? C’est ici que le montage par lequel on avance petit à petit, a chaque jour différent de la semaine, avec les protagonistes de la société, est brillant et trompe le spectateur.
Graduellement on voit la figure paternaliste et altruiste du bon patron se transformer en véritable patron justifiant toujours ses actes par l’intérêt qu’il porte à la juste mesure et à l’intérêt supérieur de la survie de l’entreprise, s’affranchissant par la meme de beaucoup de principe. La réflexion poussée à l’extrême dans ce vaudeville caustique ( très kunderien d’ailleurs) nous fait nous demander : existe t-il dès lors de véritables bons patrons et bonnes personnes? L’ambiguïté vaut le détour puisque la fin laisse à penser que les bonnes personnes existent mais ne sont jamais les vainqueurs. Il s’agit donc d’un début souvent drôle avec beaucoup de banalités qui s’enchaînent pour arriver leur à peu à un dénouement amer ou, si le rire est permis, il ne naît que de l’amertume, bref : on rit jaune et c’est sacrément efficace.