Sur la forme : le film est enlevé, bien écrit, réaliste, magistralement interprété, notamment par Javier Bardem. Les personnages sont complexes, nuancés, aux motivations diverses et crédibles, sans angélisme ou caricature.
Sur le fond, ce film montre la déshumanisation du monde professionnel. Si le buen patron répète pendant tout le film que l'entreprise est une grande famille, les malheureux qui prennent ce discours au pied de la lettre sont broyés par la machine tandis qu'à l'inverse, les personnages froids et sans scrupules sont récompensés.
Le film se termine en apothéose sur une scène magistrale, qui illustre comme rarement le génie du capitalisme, riche de ses "narratifs", qui arrive à reprendre à son avantage toutes les crises qui surviennent et à ripoliner les drames humains.
Oui, le bon patron est celui qui sauve toujours les apparences et sait présenter son entreprise sous un jour flatteur en tout occasion. Qui n'hésite pas à faire ce qu'il faut pour présenter cette image parfaite, obtenue au prix d'une réalité bien plus lugubre, à base de violence physique et symbolique, de familles détruites et de sacrifice de ses proches les plus fidèles.
Une comédie satirique acérée au service d'un message social qui passe d'autant mieux qu'il n'est pas asséné de façon moralisatrice.