L'argentin Ricardo Darin a explosé aux yeux du monde avec le magnifique Dans ses yeux même s'il avait déjà acquis une réputation avec Les Neuf Reines. L'année dernière, on avait pu le voir dans le superbe Carancho. En fait, ce sont aussi les seuls films que j'ai vu de cet acteur et je pense que c'est aussi le cas pour la majorité des spectateurs. Ces films partagent le même genre, le drame mâtiné de thriller. C'est donc avec curiosité qu'on accueille El Chino (Le Chinois en français) qui lorgne davantage vers la comédie.
Le titre original éclaire davantage sur le long-métrage, Un Cuento Chino signifiant Un conte chinois. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, c'est même l'obsession du personnage principal Roberto joué par Ricardo Darin. Ce dernier, bougre solitaire, collectionne les faits divers absurdes récoltés dans des journaux. Ces faits divers d'une grande force de l'absurde donc comique feront même l'objet d'une illustration lors de courtes scènes visant à les illustrer tels que les imaginent Roberto. Des scènes très réussies qui confèrent à El Chino une aura sympathique. On regrettera leur faible nombre, seulement trois.
Ricardo Darin est installé ici dans un rôle à contre-emploi car il ne s'agit plus d'émouvoir (ce qu'il fait très bien) mais de faire rire et je peux vous dire qu'il le fait à merveille. Sa réplique culte : « Puta madre » ne pourra que provoquer le rire même si elle revient souvent. L'introduction du personnage dans son milieu carré parsemé d'habitudes est un pur régal qui font de Roberto un personnage absolument délicieux en dépit de son caractère grognon. C'est d'autant plus surprenant qu'il est seul pendant un bout de temps pourtant la comédie déteste les personnages solitaires.
Le choc de la venue du chinois Jun est d'autant plus jouissif qu'elle bouleverse le quotidien de Roberto alors déchiré entre son côté bienveillant et son côté solitaire. Non seulement, son quotidien est chamboulé mais il vit des petites aventures qu'il n'aurait jamais connu sans Jun.
Surtout la problématique qui peut faire peur au prime abord se révèle finalement un des meilleurs côtés de la relation qui lie Roberto à Jun. Oui, je parle bien de l'absence totale de compréhension orale entre les deux personnages, ne parlant pas la même langue.
Difficile de trouver des défauts à ce film drôle et émouvant. En tout cas, pas dans la réalisation qui trouve parfois des élans de génie n'ayant rien à envier à David Fincher comme cette magnifique séquence où la caméra débute à l'envers avant de pivoter sur elle-même et d'entamer une marche vers l'avant jusqu'à la façade de la boutique de Roberto et de traverser la porte vitrée comme qui rigole et de finir son chemin devant Roberto en train de pratiquer la plus drôle de ses manies.
Enfin si, on pourrait faire la fine bouche et signaler ces effets spéciaux un peu cheaps si ce n'était pas aussi génialement utilisés car ces effets ne surviennent que lors des moments absurdes romancés par l'imagination de Roberto. En quoi est-ce donc choquant de voir ces effets surtout quand elles accentuent l'absurdité faisant alors de ces scènes des délicieuses séquences n'ayant rien à envier au dessin animé Coyote et Bip-bip.
Conclusion :
Une délicieuse comédie dramatique nous est servi par un Ricardo Darin surprenant dans un rôle à contre-emploi et qui n'en finit plus de nous faire rire. Une réussite pour cette histoire simple comme on les aime préférant davantage se concentrer sur les personnages au lieu d'exhiber du bling-bling et de racoler (qui a dit La vérité si je mens! 3).
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