Suite de l'excellent "Elizabeth" 10 ans plus tôt, toujours avec Cate Blanchet, magistrale et en pleine possession de son personnage, cet âge d'or sombre malheureusement dans la flemmardise et l'autosatisfaction.
Il tombe également dans le même travers que le précédent (dont c'est quasiment le seul défaut d'ailleurs), la caricature et le manichéisme: Philippe II d'Espagne est un psychopathe dégénéré limite syphilitique (certes, ses portraits sont loin d'être engageants mais tout de même) tandis qu'Elizabeth est une sainte, par exemple. Certes c'est l'image donnée en Angleterre à l'époque mais ce n'est pas la réalité et s'il est intéressant de montrer la propagande faite autour de ces personnages, il aurait été judicieux d'être plus mesuré quant aux coups de truelles qui transcendent les siècles.
Clive Owen est un parfait Sir Walter Raleigh. Il est sexy, il est beau, c'est un aventurier, il est parfait. Je vous renvoie à son portrait, ses poésies et ses récits pour connaître mieux ce personnage absolument fascinant ici un peu réduit dans un rôle de boy toy.
Le reste du casting, les décors et costumes emportent l'adhésion du spectateur sans problème.
C'est ce qui sauve le film de Shekhar Kapur, l'attention aux détails visuels et une interprétation hors pair.
Il sauve aussi son film avec une scène d'Invincible Armada assez extraordinaire (bien qu'un peu courte), épique et qui répond tout autant à la vérité historique (la tempête qui handicape lourdement l'Armada causant même sa défaite) qu'à la légende qui l'entoure (je n'ai jamais trouvé aucun preuve qu'Elizabeth ait été présente et encore moins en armure (c'est encore le fantasme de Jeanne d'Arc qui poursuit toute héroïne cinématographique entre les années 1200 et 1700)).
Il équilibre parfaitement cette scène, chose qu'il aurait dû étendre à ses personnages.