En 1998 Shekhar Kapur mettait en scène Elizabeth, un premier film consacré à la souveraine aussi beau que passionnant. Difficile de laisser un personnage comme celui-ci tant il s'avère fascinant, si bien que près de dix ans plus tard apparaissait sur les écrans L'Âge d'or, un nouveau long-métrage tout aussi intrigant.
Comme pour son prédécesseur, autant le dire d'emblée, Cate Blanchett s'avère parfaite dans le rôle d'Elizabeth Ière d'Angleterre. A nouveau l'actrice incarne la fragilité et la puissance, ciment de cette personnalité complexe. On retrouve la reine en 1585 alors qu'elle incarne pleinement sa fonction, mais au sud en Espagne se dresse un nouvel ennemi bien décidé à engager une guerre sainte contre cette reine toujours désignée comme bâtarde et hérétique. L'Âge d'or raconte parfaitement comment la reine a dû réaffirmer à nouveau son statut de monarque et confirmer la place de sa nation comme la plus puissante d'Europe à l'époque.
On peut toutefois il est vrai regretter l'onirisme trop présent dans la mise en scène de Kapur, les halos de lumière notamment. Personnellement j'apprécie beaucoup de la part de Shekhar Kapur qu'il amène un peu de ses influences Bollywoodiennes dans un film comme celui-ci. Elizabeth : L'Âge d'or est un film somptueux de bout en bout, les costumes et les décors, en passant par la musique, tout est magnifique. Certes on pourra aisément dire que le fond est écrasé par la forme, mais ce serait oublier que la puissance des monarques à l'époque se mesurait aussi par l'image qu'ils renvoyaient. Kapur fait de son Elizabeth une souveraine rayonnante dans sa fragilité et sa fureur. La Reine Vierge a rarement été aussi belle au cinéma.
L'écriture efficace parvient à nouveau à mettre en avant diverses intrigues et sous intrigues pour mieux représenter l'époque et le contexte, tout en vulgarisant suffisamment pour demeurer accessible. De plus il est à noter que s'il est préférable de regarder L'Âge d'or après Elizabeth, pour notamment saisir toutes les petites nuances du personnage, les deux films peuvent s'apprécier pleinement indépendamment l'un de l'autre. N'oublions pas également la performance de Samantha Morton, excellente en Marie Stuart, un élément important dans l'histoire qui vient d'ailleurs approfondir la psychologie du personnage d'Elizabeth.
J'aurais du mal à dire si je préfère le premier ou le second film, le segment de la vie d'Elizabeth dans L'Âge d'or est celui qui me fascine le plus malgré tout. En tout cas un troisième film serait vraiment souhaitable pour clore l'arc narratif autour de cette grande figure d'outre-manche. Malheureusement le temps passe et toujours rien ne s'annonce ...