Réalisé en 1973 par Gerard Pirès , Elle court elle court le banlieue est peut être bien le tout premier film de banlieue de l'histoire du cinéma français. Certes nous sommes ici bien loin de la banlieue de Kassovitz, Ladj Ly ou Richet mais le film fatalement témoin de son époque offre un regard déjà critique et acerbe sur cette France périphérique voué à l'explosion à travers l'histoire d'un couple voué lui à l'implosion.
Le film raconte donc sous la forme de chronique histoire l'histoire de Marlene et Bernard un jeune couple fraîchement marié qui décide de s'installer en banlieue. Assez vite cette nouvelle vie faites de bruit, de stress, de fatigue et de compromis commence à déstructurer le couple et lui faire battre de l'aile...
Le film de Gerard Pirès ne s'appuie pas vraiment sur la structure d'un scénario construit sur une progression dramatique mais offre une chronique presque ordinaire des déboires sentimentaux de ce couple lentement broyé par la machine infernale de la vie banlieusarde. Sur leur route ils croiseront tout un tas de gens hétéroclites dressant un portrait assez saisissant de la France du début des années 70, mais qui finalement n'a pas tellement changée en un demi siècle. Ses nombreux personnages secondaires permettent au film de Gerad Pirès de proposer un sacré casting dans lequel on retrouve A*nnie Cordy , Henri Guibet, Miou_Miou , Coluche, Daniel Prevost, Les frères Ennemis, Victor Lanoux, Robert Castel, Alice Sapritch, Claude Pieplu* ou Jean Pierre Darras ... Quant au couple vedette il est interprété par la charmante Marthe Keller et l'éternel adolescent et regretté Jacques Higelin qui proposent à l'écran un couple parfaitement crédible et attachant. Sans être hilarant le film propose de nombreuses scènes assez amusantes et de personnages hauts en couleurs, assez en tout cas pour passer un bon moment ....
Le film montre de manière amusante mais pertinente comment la structure sociale peut venir briser la structure familiale... Vie harassante rythmée par les trop longs trajets en transports en commun, embouteillages et travail finissent par entamer la libido du couple et leurs loisirs puisque comme le chante Pierre Perret "Le dimanche ils veulent même plus sortir ils ont qu'une envie c'est dormir". Dans cet appartement mal insonorisé le bruit est permanent et les voisins deviennent presque des colocataires comme ce CRS pied noir interprété par Robert Castel qui n'en peux plus d'entendre le couple vivre et s'engueuler. Le film pointe aussi les prémices d'une vie vie à crédit de consommation, une administration froide et procédurière, des hôpitaux surchargée à l'humanité relative, un machisme bien ordinaire, des patrons cyniques. Une vie de pressions qui se termine sous somnifères pour la nuit et excitant pour la journée ce qui permet une formidable séquence montrant Marlene (Marthe Keller) en roue libre ayant un peu abusé de pilules pour se réveiller. Ce mode de vie finira par faire voler le couple en éclat lorsqu'il commencera à interpréter le moindre retard comme un possibilité d'aventure extra conjugael. A l'image même de cette banlieue et dans un triste constat le couple littéralement au bord du suicide devra exploser pour enfin se retrouver.
Elle court elle court la banlieue est un film un peu oublié qui mérite vraiment d'être redécouvert ne serais ce que pour le constat ,certes léger, mais déjà édifiant que Gérard Pirès fait de la banlieue.