L'enfant et le feu
Après le miraculeux biopic qu’était Jackie, Pablo Larrain revient avec Ema, une oeuvre difficile à empoigner mais dont la vitalité et la force de fascination l’emportent sur tout le reste. Après...
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le 27 août 2020
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Ema c'est un film d'une esthétique enivrante et puissante, des personnages au style tout droit sortie de manifestations féministes pro-avortement, une illusion de liberté qui prend au tripes… et pourtant. On nous ressert ENCORE la figure de la "femme fatale" vieille comme le monde. Je ne m'étalerai pas sur l'intrigue qui pour moi est très confuse : on ne comprend pas vraiment où le réalisateur veut en venir. S'agit-il d'un film chorégraphique (comme Climax de Gaspar Noé) ? S'agit-il d'un drame familial ? D'un film sur la femme moderne ? Est-ce une télénovela esthétisée ? Je reste assez perplexe. J'ai eu la drôle de sensation tout au long du film que Pablo Larrain avait gentiment voulu représenter "La Femme Forte" d'aujourd'hui, la femme libérée de tout "devoir", maître de son corps, mère dans toute sa complexité… S'est-il documenter sur le sujet ?… Ema, jeune, JOLIE (apparemment c'est très important), femme fatale : elle use de ses charmes pour obtenir ce qu'elle veut. Elle paye avec son corps. Elle manipule, manigance, ne montre pas ses sentiments, elle domine. Bref on a bel et bien encore affaire à cette vision masculine de la femme fatale, séductrice et dangereuse prête à tout pour arriver à ses fins (récupérer son enfant, et en parallèle vous faire un enfant dans le dos…). La sororité féminine vu par Pablo Larrain ? Sexualisée. Les femmes fortes (pour ne pas dire féministes), seraient forcément lesbiennes entre elles (avec une vision très hétérogenrée des scènes de sexes où les femmes se caressent et s'embrassent de façon charnel). Le réalisateur s'accapare le corps des femmes, celles des femmes fortes, celles des femmes homosexuelles/bisexuelles et nous donne sa vision fantasmée et stéréotypée tout droit sortie de son imagination (ou d'un film porno gratuit rubrique "lesbienne"). La scène avec la directrice d'école frôle le grotesque, et pousse au rire, mettant en scène une grande tension sexuelle entre les deux femmes… Encore une fois sans servir le propos ou l'intrigue… Les discussions entre filles de leur sexualité avec les hommes : la vision de la femme "castratrice". Ce dialogue où l'amie d'Ema raconte comment elle manipule un homme sexuellement pour presque le rendre ridicule… Non, encore une fois désolé c'est vraiment à côté de la plaque ! Si le but était de renforcer tous les stéréotypes de genres négatifs sur les femmes émancipées c'est vraiment une réussite. L'esthétique très moderne cache un fond conservateur et genré…Attention de ne pas vous y méprendre, les jolies vêtements et la direction artistique ne sauveront pas le fond.
Heureusement il existent des films qui apportent un vrai regard sur la féminité aujourd'hui, sur l'hypersexualisation, la volonté d'échapper aux dictats de la religion et de la société patriarcale. C'est le cas du film "mignonnes" que je recommande vivement !
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le 17 sept. 2020
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