Sauvages de merde!
Film Italien de 1977 de Joe D'Amato, pur cinéma bis qui voit se télescoper l’héroïne de la saga des Black Emanuelle, un décalque Italien des Emmanuelle, avec le film de cannibales. Comme souvent chez...
le 13 mai 2016
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Avant-dernier long métrage des Black Emanuelles réalisées par Joe D'Amato, Emanuelle chez les cannibales marque une nouvelle étape dans la longue liste des films produits depuis le premier volet de la série créée par Bito Albertini. Fort du succès du Dernier monde cannibale de son compatriote Ruggero Deodato, et assisté désormais au scénario de Romano Scandariato, scénariste de La mort a souri à l'assassin (ou l'un des rares longs métrages qu'il signe de son vrai nom, Aristide Massaccesi), Joe D'Amato, passé maître dans l'hybridation bis (mention extrême) depuis son retentissant Black Emanuelle en Amérique, se distingue l'année suivante par un nouveau coup d'éclat. Mieux, de cette rencontre improbable entre le cinéma érotique et le film de cannibales, ce quatrième épisode mis scène par D'Amato s'inscrit comme le premier fait d'arme 100 % gore d'un réalisateur, qui se fera connaitre par la suite pour sa capacité à dépasser les limites du genre avec sa trilogie composée de Blue Holocaust, Anthropophagous et Horrible.
Pouvait-il en être autrement ? Après trois longs métrages écrit par la scénariste Maria Pia Fusco, dont le dernier et schizophrénique Black Emanuelle autour du monde, synthèse des deux précédents chapitres, et point de non retour en matière de film érotique malaisant, Joe D'Amato rabat donc les cartes pour cet avant-dernier film de la série. Après le séminal Au pays de l'exorcisme (1972) d'Umberto Lenzi, relecture bis du film américain Un homme nommé cheval avec Richard Harris, l'année 1977 sonne finalement le début des hostilités de la vague cannibale dans le cinéma d'exploitation transalpin. Dans la foulée du Dernier monde cannibale, Aristide Massaccesi (dont on saluera l'opportuniste célérité) démontre en somme, pour celles et ceux qui en douteraient encore, son pragmatisme et sa capacité à suivre les modes du moment. Dont acte.
D'un récit contant les aventures de la belle photo-reporter au cœur de la jungle Amazonienne, Emanuelle chez les cannibales convie, dans un premier temps, le spectateur à satisfaire sa soif de luxure, Emanuelle jouant comme de coutume les maîtresses de cérémonie. De sa passion charnelle avec le professeur Lester à ses jeux initiatiques avec l'innocente Isabelle, le scénario ajoute une note de piquant supplémentaire par la présence du couple Mackenzie, de l'impuissant Donald (Donald O'Brien) à l'insatiable et frustrée Maggie (Nieves Navarro). De par sa nature métissée, si l'argument horrifique du film n'est pas galvaudé, précisons toutefois, dès à présent, aux amateurs de viande fraiche, et à défaut de contenir des séquences pornographiques (comme les deux précédents volets) pour faire patienter, que la tripaille saura se faire désirer. A bon entendeur. Dès lors, déjà amorcé le temps d'un repas hallucinatoire dans Emmanuelle et Françoise, le cannibalisme et le gore s'invitent pleinement au banquet servi par Joe D'Amato, passé les deux tiers du film, après la découverte du cadavre éventré du dénommé Manolo, puis suivi par l'enlèvement de sœur Angela, avec re: mamelon tranché, ingéré et plus si affinité.
Imprimant, sans surprise, le goût de son réalisateur pour le Mondo, Emanuelle chez les cannibales ne fut pas filmé, contrairement à ce que laisse entendre le générique de fin, à Tapurucuara en Amérique du Sud. Tourné pour ses scènes Amazoniennes autour d'un lac près de Rome (la flore ne laisse place à aucune ambiguïté...), avec en guise d'autochtones la majeure partie des Philippins vivant à Rome, le long métrage fleure bon, on l'aura compris, le produit bon marché sinon foutraque (on cherche encore les raisons de l'apparition du chimpanzé perdu en pleine forêt Amazonienne). Qu'importe. Le film offre dans sa dernière partie son lot de tripes, d'éviscérations et de scènes chocs, dont une ablation sauvage d'utérus, ainsi que l'usuelle (sic) scène de viol (collectif) dont Isabelle sera la victime.
En sus de l'incontournable Gabriele Tinti, la distribution féminine se démarque par la présence de Mónica Zanchi, croisée la même année dans Emanuelle et les collégiennes (Suor Emanuelle) de Giuseppe Vari avec le couple Gemser/Tinti, Annamarie Clementi qui tournera deux ans plus tard dans Il porno shop della settima strada du même Joe D'Amato, puis enfin Nieves Navarro, connue sous le pseudonyme de Susan Scott au début de la décennie pour ses rôles dans plusieurs giallos dont Toutes les couleurs du vice de Sergio Martino, avant d'incarner une certaine Emanuelle dans le rare Emanuelle e Lolita de Henri Sala (connu des initié.e.s pour ses réalisations pornographiques sous le pseudonyme de Ken Warren).
Emanuelle chez les cannibales soutient malheureusement, à l'heure du bilan, difficilement la comparaison avec les précédents épisodes, bien plus radicaux et transgressifs, la faute à une première partie en pilotage automatique qui aurait gagnée à être écourtée et complétée d'éléments autrement plus pénétrants... De ce verre à moitié vide ou à moitié plein réalisé dans la précipitation, le bisseux saura retenir les maquillages crapoteux de Fabrizio Sforza.
http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2019/08/emanuelle-chez-les-cannibales-joe.html
Créée
le 12 nov. 2019
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