Document fascinant sur une campagne qui semble n'avoir d'autre issue possible que la victoire, et propagande totale pour "le boss"(sic), qui apparaît de plus en plus sympa, comique, jeune, amoureux, mignon au fil des séquences... Ce qui marque le plus, c'est la mise en lumière de facette infantile de sa personnalité (notamment dans la séquence du désormais fameux cordon bleu), qui caractérisent un personnage attachant plus que de raison. Avec ce ""docu"" entre télé réalité et soap (les personnages étant tellement efficaces qu'une adaptation en série est d'ailleurs effectivement à l'étude) on finit par croire qu'une campagne électorale c'est n'est qu'une succession de bisous et de câlins entre jeunes gens intelligents jusque ce que ce soit gagné. C'est là où le film devient passionnant en tant que média : là où Depardon ou Moati filmaient des candidats qui sans doute les fascinaient aussi, la caméra était toujours plus manipulatrice que le candidat pour contourner son plan de com. Ici, le réalisateur est totalement tombé dans le panneau du final cut : Macron lui donne carte blanche et accepte de porter un micro cravate en permanence ? L'Hénoret filme 150h de rushs et monte un clip promotionnel de 90 minutes avec les images les plus émouvantes, les plus intenses, les plus drôles... Nul besoin de censurer quand on sent que le réalisateur monteur est devenu fan de Macron en le côtoyant.
Triomphe d'un génie du marketing et de son équipe de petits génies de la com, mais avant tout triomphe des images : plus besoin de voix off pour remettre dans le contexte, un bandeau temporel en début de séquence suffit à présenter la situation puisque finalement très peu des moments choisis sont vraiment politiques et nécessitent vraiment une explication : on retient la rencontre avec Bayrou, mais le reste est expédié : des discussions sur les idées politiques on ne verra que quelques échanges de phrases tronquées par un montage excité d'arriver au grand final. Dans le monde de ce film, en politique il n'y a pas d'affrontements d'idées, pas de programme, pas de vision du monde, juste des images : des faisceaux de lumière, des mains qui se serrent, des drapeaux tricolores qui s'agitent, des micros et des cravates : tout crépite et tout est beau.
On nous montre la conception de la photo pour l'affiche de campagne, mais surtout pas la conception du programme si ce n'est une minute de connerie de Cohn Bendit. La surface est si belle qu'il faut sûrement ne pas trop creuser, ça pourrait être sale.