Ce film documentaire est assez particulier pour plusieurs raisons. D'abord, le point du vue adopté est inhabituel. Loin du regard froid et objectif que pourrait induire une démarche impersonnelle et journalistique, c'est la vision des travailleuses du sexe elles-mêmes qui nous est livrée sans ambages. La parole est laissée aux principales concernées, dans une succession de trois témoignages qui transpirent la sincérité, la spontanéité à la fois calme et déterminée de ces femmes en lutte. Elles nous racontent leur histoire, donnant des éléments de contextes historiques autant que personnels : c'est parfois comme une confidence, mais qui ne se limite pas à la sphère privée. Car il s'agit bien de sensibiliser le spectateur à la cause des TDS, de montrer l'urgence d'une réponse politique et sociale aux problèmes majeurs engendrés par plusieurs des lois qui empêchent les putes de travailler.


Pourquoi justement dire pute, ou TDS ? Ce documentaire le fait subtilement comprendre : une prostituée, c'est une personne qui est prostituée, c'est un état, parfois imposé par un proxénète. Une pute ou un.e travailleur.se du sexe, c'est une personne qui agit, qui travaille et, par conséquent, fait valoir ses droits. Par le langage aussi bien que le rythme, ce film véhicule une image apaisée de ce métier ; il déconstruit sereinement les préjugés en donnant aux TDS l'espace de dérouler devant leur réalité, sans tabous, sans grande provocation non plus.


Le dernier point qui achève de faire comprendre la singularité de ce film, c'est le traitement de l'image. On y est loin du formatage. Certaines vidéos sont prises par les femmes elles-mêmes, qui décident d'illustrer leur témoignage par des images de leur quotidien : la rue filmée comme au téléphone, au grès des pas lents ; une cage d'escalier tout ce qu'il y a de plus banal ; des parcs et leurs passants, comme simplement photographiés ; une manifestation, la caméra posé au sol, etc. Il arrive même que l'image s'efface au profit de la voix, laissant la salle plongée dans le noir le temps de quelques phrases.


Un film apaisant, militant, intime, efficace.

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le 11 mars 2022

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