Voilà que le cinéma français s’attèle à mettre en scène le mythe du vampire, on pouvait peut-être craindre un peu cette tentative, bien que ces dernières années, j’apprécie particulièrement ce qu’il fait en termes de fantastique justement, mais je dois dire que j’ai été absolument bluffée par les choix qui ont été faits et par cette vision tout à fait atypique. Effectivement, nous serons très loin d’un aspect presque horrifique, que nous pouvons voir lorsque l’on parle de ces créatures, ici, point d’effusion de sang, rien qui ne vienne hanter nos esprits, c’est au contraire, une image des plus humaines qui nous sera partagée, presque normale, celle d’une famille qui ne souhaite qu’une chose, être comme tout le monde, ne pas faire de vagues, mais rien n’est aussi simple. Et malheureusement, nous serons rapidement témoins des limites de cette volonté, parce que le monde n’est pas fait pour la différence, parce que l’intolérance est encore terriblement ancrée dans nos sociétés, que lorsque vous dépassez un peu du cadre, vous êtes susceptible de vous attirer de mauvais regards et bien pire encore. C’est d’autant plus prégnant lorsque l’on aborde cette période qu’est l’adolescence, parce qu’il devient presque vital de s’intégrer, de pouvoir lier des amitiés, pourtant, il est encore plus difficile de faire front face à la différence, la jalousie, la haine et le harcèlement, venant obscurcir un peu plus le tableau. La réalisation de Céline Rouzet est tout simplement sublime, d’une grande sensibilité artistique, elle nous livre un véritable petit bijou, sublime de couleurs, de photographie, c’est presque sensoriel même, nous serons littéralement immergés dans cet univers riche de sensations. Visuellement, on se régale de cette maîtrise, de cette ambiance exceptionnelle qui s’instaure dès le début, le mystère plane tel un brouillard, apportant une touche presque onirique, pleine de poésie, l’omniprésence de la nature, des paysages, vient exacerber ce côté animal, presque sauvage, incontestablement lié à ce mythe. En ce qui concerne le scénario, j’ai particulièrement aimé ses choix, cette décision de s’éloigner des clichés habituels, pour nous livrer l’amour inconditionnel de cette famille, qui devra faire face à la violence du monde, à son intolérance, parce que la normalité qu’ils recherchaient tant, viendra se confronter à la réalité de nos sociétés. C’est alors un récit presque dramatique qui s’offre à nous, loin d’un teen movie que nous pouvions craindre, c’est une intrigue bouleversante, d’une humanité extraordinaire, qui nous attrape dans ses filets et qui viendra nous percuter par toute sa souffrance, son injustice. Quant au casting, Mathias Legoût Hammond est une véritable révélation, faisant preuve d’un talent extraordinaire, je suis absolument sous le charme de l’interprétation d’Élodie Bouchez et Céleste Brunnquell vient ajouter une ambivalence assez impressionnante.
En bref : Un film qui aborde le mythe du vampire avec une originalité absolument bluffante, loin des clichés habituels, c’est un récit fort d’humanité qui nous sera partagé, celle de la normalité que nous cherchons tous, pouvoir simplement vivre comme tout le monde, mais notre société n’est pas prête à la différence, trop intolérante, trop violente lorsque ce que vous êtes dépasse du cadre imposé et que la réalité vous rattrape soudain !
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