En attendant la nuit manque terriblement d’incarnation alors même que son sujet et que ses intentions tendent vers elle : l’influence du Règne animal (Thomas Cailley, 2023) sorti l’année précédente se fait sentir, conduisant la réalisatrice à reproduire un schématisme qui enferme ses personnages dans l’application d’une trajectoire mortifère, sans le souffle romanesque nécessaire au mythe du vampire, et son récit dans une reconstitution hasardeuse des années 80 qu’un seul vidéoclub ne saurait suffire à ressusciter. La marginalité des protagonistes n’est jamais construite mais donnée comme telle et assénée encore et encore par des scènes répétitives et prévisibles : le motif du déménagement ne met pas en mouvement le récit alors qu’il aurait dû conduire à un dérèglement métaphorique de la naissance du désir de Philémon. Ce dernier bénéficie néanmoins de l’interprétation subtile de Mathias Legoût Hammond, que sublime une photographie soignée. Le jeune comédien réhausse l’intérêt de cette pâle copie de The Virgin Suicides (Sofia Coppola, 1999) augmentée à l’hémoglobine.