Prisoners ou le récit d'un "presque" vide

ATTENTION: cette critique est susceptible de vous spoiler une partie de l'intrigue

Décousu. Dérangeant. Déroutant. Quoique décevant ... La liste pourrait être longue et les mots me manquer. Et dans un élan de compassion pour ceux qui se résoudraient à me lire, je cesse cette longue litanie.
Enemy ou "le nouveau piège de Denis Villeneuve". Quelque peu prétentieux, à mon goût. A l'instar de Prisoners, un casse tête intellectuel d'une réelle jouissance? Il n'en ai rien. L'intrigue se révèle sans surprise, presque insipide et très vite le spectateur démêle le semblant de filet tendu par le réalisateur. Alors, le très prometteur Villeneuve est-il en perte de vitesse ou la valeur de ce film est-elle à chercher ailleurs?!
Si l'intrigue manque terriblement de rebondissements et que les longueurs sont nombreuses, (somnifère vous dites?) la recherche d'une esthétique de l'image est indéniable. Certains plans sont d'une beauté, d'une intelligence remarquables et offre aux spectateurs la liberté de se questionner sur le devenir de l'homme aux prises avec l'anonymat et l'inhospitalité de la ville. Celle-ci est un authentique personnage, omniprésent et étouffant. Pareille à un tortionnaire, elle pousse le personnage principal dans ses plus sombres retranchements comme s'il avait ce besoin de fantasmer sur une autre vie. Pour survivre. Pour ne pas être une bête en cage. Cette même répétition de plans des grattes ciels crée une atmosphère lourde, pesante, d'une froideur extrême et un sentiment de malaise gagne.
Pour ce qui est du jeu d'acteur, Jake Gyllenhal est une nouvelle fois, d'une justesse extrême. Incarnant un personnage traqué, gangréné par son autre, il palie un certain vide scénaristique.

Un résumé me demandez vous?! Ce film est à voir pour son esthétique et les interprétations nombreuses qu'il engage. Et seulement pour ça.

Bien à vous,
Melle Jane.