Comment sont pris en charge les militaires en situation de stress Post-traumatique ?
(très bon) résumé SC: "Au fond de la jungle cubaine, 3 anciens combattants de la guerre d’Angola participent à un rituel: ils s’entraînent à nouveau comme les soldats qu’ils étaient autrefois."
Des décennies que des films et séries Américaines nous montrent des citoyens rejouant la Guerre de Sécession en costumes.
Des décennies que des suites à mon cher Rambo sont faites, encore en treillis militaire et portant couteau notamment dans le premier (Rambo: Last Blood).
Des décennies que des vendéens bénévoles maintiennent l'attraction la plus couverte de bonnes critiques au niveau mondial (Puy du fou).
Des décennies que des conventions sont organisées où des fans et geeks viennent en imitant leurs héros (cosplay)...
...alors c'est pas plus bête ou laid, de suivre en forêt trois vétérans avec leurs beaux chien et ânes, si bien traités.
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J'ai vu leurs belles simagrées comme une sorte de thérapie de groupe.
Ils crapahutent dans la jungle, entre randonnées, feux de camps, bains en rivière, qu'ils partagent avec leurs ânes.
Deux d'entre eux me semblent souffrir de stress Post-traumatique mais je ne suis pas expert.
L'un se rappelle et partage un moment de lâcheté, c'est rare ce genre d'aveux dans un film: il était démineur et c'était alors pas du cinéma (même si j'aime et respecte beaucoup 'Week-End à Zuydcoote').
Un autre se souvient comment des soldats Angolais attiraient dans un piège leurs ennemis à l'aide d'un vrai bébé dans un berceau pleurant sans fin dans une case.
Le film commence d'ailleurs par des images d'archives d'enfants soldats; je ne soupçonnais alors pas que les recruteurs les prenaient littéralement au berceau.
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J'ai à cette occasion appris l'existence de "mines claymore", inventées pendant La Guerre de Corée:
_"Son nom de Claymore, venant d'une épée à deux mains écossaise (...) utilisée dans les embuscades et comme moyen de parer à l'infiltration de l'infanterie ennemie".
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Bien sûr, l'aspect historique et politique me dépasse un peu: je ne connais pas encore la guerre d'Angola et "l'intervention Cubaine"?, je connais d'ailleurs mal la politique révolutionnaire cubaine (à peine à part les si fortes aventures et mémoires de l'écrivain cubain Reinaldo Arenas)
...mais ces hommes transcendent leur situation géographique et géopolitique; grâce au cinéma, ils nous sont connectés.
La réunion finale et ses anciens combattants m'ont par exemple furieusement fait penser aux soldats, certains héros, que j'ai croisés dans ma famille et leur FNACA ("l'association de tous ceux qui ont participé entre 1952 et 1962 à la guerre d'Algérie ou aux combats du Maroc ou de la Tunisie").
Je parie qu'il existe un film Angolais, avec les trois clones de ces soldats Cubains, aux mains et visage burinés/sculptés.
Vive le cinéma!
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Mémorables plans et moments qui me restent:
__Les répétitions de combats dans la boue, avec maitrise et enroulement quasi de serpent autour de l'adversaire, presque façon centipede, les combattants étant camouflés par la boue ne faisant alors presque qu'un, m'ont fait surgir la scène d'accouplement dans Le lagon bleu boueux,
et les scènes d'aussi quasi chorégraphies militaires chez Claire Denis et son Beau travail.
Ce n'est pas qu'un documentaire; ce serait déjà bien; mais c'est aussi du cinéma, pour ce que je peux en juger: je me souviens des scènes de brumes , en forêt, lorsque le soldat solitaire, manie son fusil quasi en samouraï, et en donne des coups en l'air.
__Quand leur caravane traverse la rivière, la caméra, pieds dans l'eau, les suit au corps, filme les jambes des ânes pour finir sur le soldat dénudant les siennes, pour sécher ses pieds...armes clé pour survire en jungle, forêt et randonnées.
__Le cimetière de nuit, éclairé par des torches.
__Quand ils arrivent à un sommet, surplombant tout la vaste forêt s'étendant au loin, ça me tatouage la mémoire! ...au sommet précédent, en altitude aussi, on ne voyait pas la forêt et collines car recouvertes de nuages mais l'orage vibrant dessous, était trahi par des flashs, illuminant alors les nuages en barbe à papa rouges et roses.
Je ne connais bien sûr pas du tout l'auteur des images, Irene Gutiérrez Torres, mais en aime ses yeux et sa peinture: ça m'a refait la décoration de mon cerveau affligé!
__Ma scène préférée a été une illusion d'optique ou erreur de lecture de ma part à la 58/59e minute où deux bras tendus tiennent un long cierge, quasi au creux des deux mains réunis...puis trois petits personnages marchent sur le bras!...c'est alors que j'ai réalisé que ce plan était en fait un vrai paysage de nuit...ce que j'avais pris pour deux bras, étaient un chemin, et au centre du plan, se tenait un long fin lampadaire.
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La dédicace finale, fait serrer le coeur une dernière fois: "a mi padre"
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Détails:
__Je n'ai pas compris la scène de rôtisserie de fourmilière ...pour les manger? pour se droguer? pour un rituel?
__Quand ils brossent les dents de leurs ânes, j'ai repensé à Robert Conrad brossant les dents de son chien dans la série des Têtes Brûlées...des militaires aussi, des vétérans aussi.