Une subtile transformation poétique et fantastique de la réalité
Il est vrai que ce petit bijou visuel des studios Blue sky ne casse pas des briques au niveau du scénario. Il est construit sur (un banal) affrontement entre les forces du mal (les Boggans) et celle du bien (les Hommes-feuilles) à l’échelle minimoys.
Mais ce dessin animé est bien plus subtil. Il puise sa majesté dans les trouvailles de la création artistique. Je m’explique : les créateurs ont réussi à détourner la réalité pour l’adapter au monde fantastique d’Epic.
Ainsi quand un méchant tombe de sa monture, il s’écrase telle une crotte d’oiseau sur un pare-brise.
Les plantes gardent leurs caractéristiques et sont superbement personnifiées. Ainsi une fleur de pissenlit devient un personnage qui quand on la secoue trop, perd ses aigrettes (cheveux).
Autre exemple, dans la réalité, on sait que les événements qui environnent un arbre (sécheresse, maladies, blessures, pollution…) sont retranscrits dans ses anneaux de croissance (cercles dans un tronc d’arbre). Cette propriété est finement détournée par les créateurs. Dans le dessin animé, les lignes de l’arbre deviennent l’endroit où sont entreposés les rouleaux contenant l’histoire passé de la forêt.
Ainsi tout au long du film, la frontière entre le fantastique et la réalité est très ténue.
Chaque brin de réalité à son pendant fantastique. Pour entrevoir le côté magique, il faut être très attentif : « Le fait que tu n’aies rien vu, ne signifie pas qu’il n’y a rien ».