En cette période où, en NBA, une équipe qui ne prend pas la moitié de ses tirs derrière l'arc des 3 pts est une équipe qui semble être en train de rater sa vie, il est très perturbant d'imaginer qu'un jour un coach puisse dire que l'équipe qui gagnera sera celle qui fera le plus de dunks! Ce coach c'est Guy V Lewis à la tête d'une des plus grandes équipes universitaires de l'histoire, qui révolutionna quelque peu la manière de jouer au basket-ball et qui contribua, à son modeste niveau ,à lézarder le mur de la ségrégation, les Houston Cougars! Recrutant des joueurs, dont beaucoup originaires du coin comme Larry Micheaux, Rob Williams ou encore Michael Youg (ma première vraie érection basketballistique avec la victoire du CSP Limoges en 1993, premier club français tous sports confondus à régner sur l'Europe, n'en déplaise à certains qui se pensent à jamais les premiers, et dont Young en était le principal scoreur), Guy V Lewis décida d'utiliser les qualités athlétiques de ses joueurs en proposant un jeu basé sur la vitesse et la contre attaque souvent ponctué par des dunks! Un jeu attractif, spectaculaire que l'on pourrait comparer au showtime des Lakers de Magic Johnson! Mais un jeu qui ne fait pas l'unanimité, loin de là, et que les puristes qualifient avec mépris de jeu de la rue! Un coach qui laisse ses joueurs être ce qu'ils sont sans vouloir les transformer mais en utilisant leurs qualités dans un basket universitaire qui rappelons-le, quelques années auparavant, interdisait le smash! On ne va pas se voiler la face, derrière ce mépris et ces règles qui semblent bien étranges de nos jours, se cachent un racisme bien implanté!
C'est donc cette équipe phénomène, d'une durée de vie express de 3 ou 4 ans, que nous allons suivre! Une équipe qui devra son nom de Phi Slama Jama au journaliste Thomas Bonk Une équipe célèbre pour compter dans ses rangs deux futures stars de NBA, deux membres du Hall of Fame, Clyde "The Glide" Drexler et Hakeem "The Dream" Olajuwon, une équipe qui ralliera la finale du final four trois fois d'affilées pour......3 défaites!!! Ce qui ravira les détracteurs du coach Lewis et, à travers lui, des joueurs noirs! Une équipe (probablement la meilleure de la saison) qui perdra sa première finale, ironie du sort, sur un dunk au buzzer! Mais ce n'est pas seulement sur l'aspect sportif que ce documentaire se montre très intéressant...
Combien de fois ai-je entendu, en voyant des joueurs pros complétement annéantis après une défaite que ce n'était pas la peine de se mettre dans des états pareils, que ce n'était que du sport?! Maintenant, effectivement, quand je crache mes poumons en essayant de bouger mon fion sur un terrain de basket le dimanche matin après la cuite de la veille mais avant le poulet chez mémé, victoire ou défaite, hein, franchement, on s'en cogne royal, ce n'est effectivement que du sport (ou du moins ce qui s'en approche...)! Mais regardez bien les visages des membres de la Phi Slama Jama, ayant atteint l'âge de la sagesse, leur vie accomplie plus de 30 ans après les faits, lorsqu'on leur remontre ce dernier panier qui crucifie leur rêve! Pas besoin de mots pour deviner qu'ils se posent tous la question de savoir comment aurait été leur vie si ce putain de ballon avait été intercepté leur offrant ainsi la victoire! Allez leur dire à ces mecs que ce n'est que du sport....
Car c'est bien de cela qu'il s'agit dans ce documentaire, non pas à travers le parcours de Hakeem et Clyde (car au vu de la carrière de ces deux là, ce sont peut -être eux qui ont été les moins impactés par ces défaites encore qu'ils semblent encore en avoir gros de nos jours) mais à travers la véritable star de l'équipe à l'époque, un certain Bennie Anders , un personnage à part qui ne se remit jamais de son échec de 1983 lui qui aurait pu en être le héros, passant complétement à travers son match mais aussi à un poil de cul de l'interception de la gagne (il touche le ballon)! Un joueur qui quelques années après semble avoir tout bonnement disparu de la surface de la terre car ni sa famille proche ni les anciens membres de la confrérie ne savent si il est mort ou vivant! C'est d'ailleurs ce qui sert de fil rouge au documentaire, cette recherche de Sanders par les deux co-capitaines de l'époque, Eric Davis et Lynden Rose nous offrant une fin comme seule le sport peut nous en offrir!
A travers ce documentaire, nous découvrirons (ou pas pour certains) qu'un match n'est jamais gagné d'avance (petit message aux bleus), qu'une carrière peut dépendre du climat (Olajuwon ayant le choix entre 3 villes mais rejoignant Houston sur les conseils d'un compatriote bagagiste lui affirmant que c'était le climat le plus proche de son pays natal), que le fonctionnement d'une équipe n'est jamais une chose aisée, mais qu'elle peut être aussi unies qu'une famille même 20 ans après! Pour les amoureux du basket et du sport en général....