Sorti en 2010, le documentaire d'ESPN 30 for 30 sur la Coupe du Monde de Rugby de 1995 en Afrique du Sud, remportée par le pays hôte, ne nous apprend pas grand chose.


A grands renforts de musique émouvante, d'images de liesse et de narration par Morgan Freeman, The 16th Man a tout de la belle histoire sportive, mais oublie tout le côté sombre pour un rendu totalement incomplet.
Oui, on l'oublie, mais en 1995 dans l'Afrique du Sud qui sort tout juste de l'apartheid et dont l'équipe de rugby nationale, les Springboks, est l'emblème, l'enjeu avait pris le pas sur le jeu.


L'erreur aurait été plus qu'excusable si le reportage avait été fait en 2000 tant l'histoire est fantastique. Mais en 2010, avec le recul, on en savait déjà davantage et tout n'est pas tout rose.


Premièrement, la demie-finale entre l'Afrique du Sud et la France est connue et reconnue par l'intégralité du monde du rugby (à l'exception des Sud-Africains bien entendu) comme un des plus grands v(i)ols arbitraux de l'Historie du sport. La France aurait dû gagner ce match, mais les enjeux pour l'Afrique du Sud étaient bien trop importants, ils devaient gagner la Coupe du Monde, ils ont été clairement avantagés tout au long de la rencontre par des décisions ubuesques, et ce n'est pas être chauvin que de le dire. Le reportage l'ignore complètement car il faut que l'histoire soit belle.


Deuxièmement, et c'est bien plus important, ces chers héros de la nation arc-en-ciel étaient soignés comme Armstrong ou Pantani. On note aujourd'hui au sein du groupe victorieux une surreprésentation de cas de maladies neurologiques extrêmement rares. Venter souffre de myélite transverse, une maladie qui touche une personne sur un million, Van der Westhuizen et Linee souffrent de sclérose latérale amyotrophique, plus connue sous le nom de maladie de Charcot, qui touche 4 à 8 personnes sur 100.000. Kruger décède en 2010 d'un cancer du cerveau, Chester Williams et James Small en 2019 à respectivement 49 et 50 ans. Alors, simples coïncidences ?
Les explications divergent mais peinent à convaincre: pesticide sur le terrain, répétitions des chocs, simple hasard.
Toujours est-il qu'une année ou deux auparavant, les Springboks n'avaient rien d'extraordinaire, et qu'ils ont soudainement battu les meilleures équipes mondiales. Le changement physique en quelques années à peine est impressionant, mais eux n'assurent n'avoir pris à l'époque que des vitamines légales et... illégales depuis.


Amis complotistes bonsoir, croyez-vous au pouvoir du soutien populaire, ce fameux 16e homme ?


Trop partial, à vouloir faire pleurer dans les chaumières, le documentaire rate le coche.

JakeElwood
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le 22 juil. 2014

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