Curieuse filmographie que celle de Régis Wargnier, capable aussi bien de fresques ambitieuses (Indochine), que de succès commerciaux sans saveur (Pars vite et reviens tard) ou de tributs humanitaires à de grandes causes (Man to Man). On est ici à mi-chemin entre le premier et le troisième genre dans ce film qui expose les effets de la paranoïa stalinienne entre la fin de la seconde guerre mondiale et la mort du tyran. Curieuse odyssée que celle de cette femme - magnifiquement interprétée par Sandrine Bonnaire qui trouve là un rôle à la Jeanne d’Arc - entêtée et courageuse qui va défier des années durant le régime soviétique. Le scénario est travaillé, la mise en scène sans gros reproche, le reste de l’interprétation correcte. Cela donne un film intéressant mais qui ne décolle vraiment jamais, peut-être par manque de souffle comme on l’a souvent dit, ou encore de cette petite étincelle qui fait la différence entre un grand film et un film honnête. Mais il manque surtout à Wargnier un ton, une unité de traitement des images, une marque de fabrique… en bref ce qu’on appelle un style !