Arnaud Despleschin fait pendant plus de deux heures le portrait très soignée de son héroïne, Esther Kahn, jeune femme un peu marginale souhaitant embrasser une carrière d'actrice. Et ce personnage-là est exceptionnel, l'actrice la jouant parfaitement. C'est une femme hors du monde, qui a la vie la plus monotone du monde, qui n'a jamais rien vécu, jamais rien ressenti. Et c'est pourtant au théâtre qu'elle veut réussir où, sur une scène, elle devra jouer toutes sortes d'émotions qu'elle n'a jamais ressentie elle-même. Le théâtre est un peu une seconde naissance, qui ne s'avérera pas forcement meilleure. Esther sacrifie tout pour son art, sa religion, sa virginité et au final il ne lui rend pas bien.
Arnaud Desplechin signe un film sobre et très respectueux de son sujet. Sa mise en scène est très belle et bien au service de ce scénario génial. De plus, Esther Kahn s'impose comme un des meilleurs films sur la difficulté des comédiens au XIXe siècle, un métier dont tout le monde rêvait, mais peut-être alors le pire métier du monde.