Et vive la liberté ! présente l’intérêt tout relatif de projeter les Charlots dans une aventure exotique qui prend pour cadre la guerre d’Algérie, sujet tabou que le cinéma peine encore à aborder aujourd’hui – on attend, sur un ton tout autre, le long métrage Des Hommes de Lucas Belvaux, dont la sortie a été repoussée suite à la crise sanitaire. La charge pacifiste du film de Serge Korber se limite à la liberté que revendiquent ses trois personnages principaux, soucieux de ne s’attacher à rien sinon à leur amitié : leur reconversion professionnelle se voit ainsi perturbée par une force d’insubordination, rappelant l’ouverture des Charlots font l’Espagne (Jean Girault, 1972).
La dernière partie s’enlise malheureusement dans une bourgade campagnarde, sur fond de jeu de dupes et d’affrontement entre les anciens soldats devenus des préfigurations d’hippies et l’armée désireuse de mettre la main sur un terrain. On retombe aussitôt dans la bataille de tartes à la crème, les carambolages de véhicules et autres lieux communs certes amusants, mais qui ne disent plus rien de la thématique initialement abordée, à savoir la guerre d’Algérie et le retour à la vie civile des anciens soldats. Notons enfin que la mise en scène, si elle offre quelques beaux plans dans le désert grâce à un travail sur les ombres, ne participe que peu au burlesque de l’ensemble.